Bonjour à tou·te·s 👋
Quel plaisir de vous retrouver après 110 jours d’absence ! Vous n’avez pas idée.
Oui, la dernière édition de cette newsletter date du 2 novembre 2023, soit il y a 3 mois et 18 jours. Vous êtes aussi près de 17% à ne jamais avoir reçu d’e-mail de ma part, car learnability compte aujourd’hui 3 263 abonné·e·s dont 552 sont arrivé·e·s depuis la dernière édition.
Que vous veniez de nous rejoindre depuis la dernière édition ou que vous soyez là depuis le début, je vous remercie pour votre intérêt et votre patience. Merci aussi à toutes celles et ceux qui m’ont écrit pour prendre des nouvelles.
La newsletter du jour est quelque peu différente de d’habitude. Je ne me voyais pas revenir vers vous avec une nouvelle édition sur l’innovation pédagogique et le futur de l’apprentissage sans vous partager ce qu’il s’est passé ces derniers mois.
Même si nous sommes le 20 février et que 13% de 2024 sont déjà passés, cette newsletter est mon édition de bilan annuel – vous pouvez d’ailleurs relire celui de 2022 et celui de 2021.
On se retrouve le 5 mars pour un article dans lequel je vous partagerai les coulisses d’un de mes derniers projets : la préparation, l’animation et l’analyse de deux journées d’atelier avec une centaine de participant·e·s pour dresser le bilan des cinq premières années d’un programme de développement professionnelles d’enseignant·e·s dans 26 pays.
Vous découvrirez aussi quelques nouveautés la présentation, le format et les rubriques de la newsletter ✨
Bonne lecture,
Nicolas.
⏱️ Temps de lecture : 10 minutes
🔭 Un petit bilan de 2023
Début 2023, j’avais dessiné l’année à venir avec trois mots-clés : exploration, focalisation et intentionnalité.
Un certain recul me permet aujourd’hui de prendre conscience que les deux premiers points étaient relativement antinomiques.
C’est avant tout la posture d’explorateur qui a marqué cette année 2023 :
J'ai passé près de 3 mois cumulés au Canada, et je suis encore plus amoureux de Montréal qu’avant.
J’ai testé de nouveaux business models – plus focalisés sur la création de contenu et la vente de produits que sur le service.
J’ai exploré d’autres formes de création de contenu, comme des sessions de travail en direct ou plus simplement une période de publication plus intensive sur LinkedIn.
J’ai lancé de nouveaux side projects, dont le Learning Design Club – et j’en ai abandonné d’autres en gestation.
J’ai donné beaucoup de conférences sur tout un tas de sujets en matière d’innovation pédagogique.
J’ai passé beaucoup de temps à écrire, relire et ré-écrire – cette newsletter, des livres, des posts sur LinkedIn, des chroniques pour “C’est quand la pause ?”, des pages de présentation de mes projets, etc.
J’ai animé une communauté d’une trentaine de passionné·e·s de pédagogie qui m’accompagnent dans la rédaction de mon livre et partagent sur tout un tas de sujets.
Je me suis mis à la course à pied en mars et j’ai passé, en 2023, 258 heures à courir près de 3 250 kilomètres. J’en ai profité pour débuter le renforcement musculaire (115 heures en 2023). J’ai donc passé près de 48 jours (en comptant des journées de 8 heures) à faire du sport.
J’ai (enfin) passé mon permis de conduire, et parcouru 8 000 kilomètres à travers le Québec (Gaspésie et Saguenay), le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse.
J’ai appris à mieux gérer ma nutrition, et j’en ai profité pour arrêter l’alcool.
J’ai exploré les idées des autres en écoutant beaucoup de podcasts ainsi qu’en lisant des articles et des livres.
Je me suis inspiré dans des congrès scientifiques (ici et là) ou auprès d’équipes intéressantes.
Cette phase d’exploration a été très intentionnelle. Toutes les activités de cette liste – et j’en oublie probablement – ont été, a priori, choisies avec soin. Par contre, je dois avouer que vouloir faire autant de choses en même temps n’était pas des plus intelligent.
Le résultat de cette exploration : une remise en question qui est arrivée en novembre 2023. Oui, quand j’ai arrêté de vous écrire…
Remise en question et frustrations
Ça a débuté par une surcharge de travail au retour du Canada.
Multiplier les expérimentations professionnelles comme personnelles durant les 9 premiers mois de l’année, et ensuite tout mettre en pause durant un mois en octobre – pendant que j’explorais l’Est Canadien –, a engendré un goulot d’étranglement. J’ai passé une semaine à essayer de tout gérer, avant de prendre une saine décision : couper ce qui n’était pas essentiel – et malgré tout l’amour que je vous porte, cette newsletter s’est retrouvée dans la liste des activités dites “non essentielles”.
Cette surcharge s’est transformée en frustration : pourquoi (et surtout comment) d’autres sont capables de gérer beaucoup plus d’activités, et moi pas ? Parmi ces personnes, il y a par exemple Anne-Laure Le Cunff que j’admire et qui m’inspire beaucoup – invitée de l’édition #39 –, car elle parvient à mener de front un projet entrepreneurial, une thèse en neurosciences, une création de contenu régulière et la rédaction d’un livre.
Sur cette dimension, une récente citation entendue dans un podcast (dont j’ai oublié la source, désolé) m’a fait prendre de la distance vis-à-vis de cette frustration : “C’est important de ne pas se comparer, car quand on le fait, on compare son intérieur à la vitrine des autres.” Cette citation s’est très vite vérifiée dans le bilan annuel d’Anne-Laure où elle partageait les tensions qu’elle vit, elle-même, dans la gestion de ses différentes activités.
Mais avant cette prise de recul, la frustration s’est mutée en un questionnement plus fondamental : “Après quoi est-ce que je cours ?” Vous pouvez le lire au sens propre, comme au figuré. En matière de course à pied, je n’avais aucun objectif (en termes de compétition) si ce n’était de sortir tous les jours et de faire une dizaine de kilomètres. Et c’était la même chose pour toutes ces activités et expérimentations de 2023 : j’ai focalisé mon intentionnalité sur le processus plus que sur les résultats. Après 9 mois à sprinter, j’ai fini par me demander : pourquoi est-ce que j’écris un livre ? Pourquoi est-ce que j’accompagne moins de client·e·s ? Pourquoi est-ce que je crée du contenu ? Pourquoi est-ce que je souhaite développer cette newsletter ?
De la divergence à la convergence
Cette année d’exploration m’a offert l’opportunité de vivre et de tester énormément de choses. Néanmoins, cela a créé une forme de désalignement : il y avait trop d’opportunités, trop d’objectifs, trop de possibilités, etc. Le manque de temps n’était au final qu’une conséquence de ce désalignement.
Je devais redonner un sens à tout cela. Après la divergence, c’était le moment de la convergence.
Pour y parvenir, j’ai beaucoup échangé, écrit et itéré sur mes envies et ambitions. J’ai réfléchi à ce qui m’animait profondément et cherché à prioriser les activités, plutôt que de vouloir tout mener sur un même plan. Chaque jour, je challengeais mes idées en discutant avec de nouvelles personnes, consignais les retours et améliorais mon projet. Cet exercice m’aidait à clarifier mes désirs et mes objectifs.
Au bout de quelques semaines, j’ai réussi à définir cette convergence – certain·e·s parleraient d’ikigaï – et à faire des choix.
Améliorer ma démarche de designer en continuant à explorer les conditions pour créer des expériences d'apprentissage innovantes et engageantes.
Aider les organisations – de formation, d’enseignement et les services L&D des entreprises – à définir, organiser et implémenter leurs projets d’innovation pédagogique avec des méthodes structurées et des outils simples.
Améliorer et faire progresser l'approche de design pédagogique centrée sur les apprenant·e·s (learning experience design) en la documentant.
M’appuyer sur mes ingrédients fondamentaux : les démarches de design centré utilisateur·rices, les principes issus du design thinking, les techniques d'intelligence collective et les résultats de recherches scientifiques
Après 1 001 détours, j’en reviens aux bases. J’ai eu le besoin d’explorer pour mieux définir le cœur de mes envies et de mes activités.
Le piège du mimétisme
Je me suis aussi beaucoup questionné sur ce qui m’avait amené à faire certains choix lors de cette année d’exploration, et je dois avouer que le mimétisme en fait partie.
Il s’agissait probablement d’un besoin – et d’une envie – de “faire comme tout le monde”, et de répliquer des ingrédients que je voyais chez d’autres : abandonner le service pour le produit – “plus scalable” –, focaliser sur la création de contenu sur différents réseaux – “pour être visible et top of mind” –, passer parfois plus de temps à façonner la forme que le fond, etc.
Malgré l’intentionnalité apparente de mes choix, j’ai été largement influencé par ce que j’observais un peu partout sur le web.
🚀 Moins, mieux et accompagné
Toutes ces réflexions ont nourri les ingrédients de 2024 résumés en trois mots-clés : moins, mieux et accompagné.
Pour les illustrer, j’ai l’impression que mon rapport est à nouveau le meilleur exemple. Ces dernières semaines, je cours moins (4 à 5 entraînements par semaine plutôt que 7), je cours mieux (je suis un programme pour améliorer mes performances, et je découvre notamment le fractionné) et je suis accompagné par les coachs de Campus coach ainsi que leur incroyable communauté de coureurs·euses.
J’ai décliné cette philosophie “Moins, mieux et accompagné” dans les différents piliers de mes activités.
Sur le plan business, je me focalise uniquement sur Caféine.Studio et les activités de conseil en innovation pédagogique (moins) en améliorant l’ensemble des méthodes et outils (mieux). Je prends aussi le temps de mieux structurer mon activité grâce au bootcamp Tribu Indé, à une coach qui m’accompagne dans mes décisions et à différents groupes de responsabilité dans lesquels je suis impliqué (accompagné).
Sur le plan de la création de contenu, je réduis tant sur le fond que sur la forme (moins). D’une part, l’idée n’est plus de réfléchir la création de contenu pour “la croissance d’une audience”, mais plutôt de me concentrer sur le plaisir de partager et de contribuer à la diffusion d’une approche de design centrée sur les apprenant·e·s. D’autre part, je réduis les projets dans lesquels je suis impliqué : “C’est quand la pause ?” est passé à un format mensuel (moins), ce qui nous permet avoir plus de temps pour créer de meilleurs épisodes (mieux) en collaborant ensemble (accompagné). Nous allons aussi arrêter le “Learning Design Club” – l’annonce officielle sera bientôt diffusée – parce que le bon fonctionnement du projet nous demande une implication que nous ne sommes incapables d’y mettre pour l’instant.
Du côté de cette newsletter, je continuerai – dans la mesure du possible – à publier toutes les deux semaines. Sur le fond, j’ai une volonté de “retour aux sources” : faire de cette newsletter un terrain de jeu, un journal de bord et un espace créatif. Elle redevient, pour moi, un moyen de partager, sans réelle prise de tête, mes découvertes, mes rencontres et mes réflexions sur l'innovation pédagogique, le futur de l'apprentissage et surtout le design centré sur les apprenant·e·s. Avec une volonté, toujours similaire, de générer des conversations avec vous. J’avais, d’une certaine manière, perdu cette “flamme” et ce plaisir de l’écriture à cause de la volonté de faire croître le nombre d’abonné·e·s.
Redessiner mes journées
Toute cette réflexion – et l’accompagnement d’Eva Lena – m’a aussi aidé à mieux dessiner mes journées et mes semaines. Vu que je sais que certaines sont friand·e·s de connaître les coulisses de mon organisation, je vous dis tout.
Aujourd’hui, j’ai deux schémas “théoriques” sur lesquels j’organise mes journées en fonction de mon humeur, et de ma forme du moment.
De manière générale, j’aime consacrer une première partie de la matinée à l’écriture – d’un livre, de la newsletter ou de contenus divers – et la seconde à du travail de fond lié à des projets client·e·s. L’après-midi est ouverte aux appels (suivi de projets client·e·s, prospection ou expertise en fonction des journées), mais me permet aussi de continuer à travailler sur des projets client·e·s – cette fois-ci plutôt sur des tâches de création ou d’analyse.
Ces journées sont “théoriques”, et peuvent évidemment être modifiées en fonction de certains projets client·e·s – comme l’animation d’un atelier d’une journée, une session de formation, etc. – ou d’autres événements. Elles constituent une balise.
J’ai appliqué la même démarche pour les semaines, avec deux semaines types. J’essaie de respecter au mieux ce schéma, même si cela s’avère plus difficile car les semaines s’organisent au gré des projets : je peux passer une semaine d’atelier avec la même équipe de 8 personnes à mener un “Learning Experience Design Sprint” ou être occupé plusieurs jours dans un congrès scientifique, comme avoir des journées qui ressemblent pleinement à ce qui est décrit juste en dessous.
Dans la mesure du possible, mon temps hebdomadaire se découpe avec :
70 à 75% de travail et d’apprentissage au sein de Caféine.Studio.
25 à 30% de création et de partage de contenu sous diverses formes – newsletter, livre, podcast, etc.
Je vous partage mon “agenda théorique” du moment que je modifie en fonction des périodes – il comprend par exemple ici les sessions en direct du lundi et du jeudi du bootcamp Tribu Indé.
🎯 Les objectifs 2024
En débutant cette nouvelle année, j’ai posé un certain nombre d’objectifs personnels et professionnels.
Je vous partage quatre piliers, sans entrer dans les détails de leur transposition sous un format OKR.
💰 Stabiliser le chiffre d’affaires de Caféine.Studio
Je n’ai jamais été focalisé sur la métrique du chiffre d’affaires. Toutefois, elle reste l’une des mesures les plus intéressantes (en prenant en compte les charges) dans le pilotage d’une activité entrepreneuriale – et, derrière le montant, l’idée n’est d’ailleurs pas nécessairement de chercher une croissance, mais plutôt une stabilisation.
Elle est aussi importante pour soutenir la structuration de mes activités. Depuis le début de l’année, j’ai ancré chez Caféine.Studio l’approche “d’écosystème agile” sur laquelle j’ai travaillé depuis un an. Il s’agit d’un collectif d'indépendant·e·s, de designers·euses, de formateurs·rices, d'enseignant·e·s, d'expert·e·s, de chercheurs·euses, d'agences, de startups et de partenaires qui me permettent de constituer une équipe sur-mesure pour chaque projet. Actuellement, cet écosystème compte deux strates : une série de membres “rapproché·e·s” qui œuvrent quasi continuellement sur des projets de Caféine.Studio, et une seconde couche de membres ponctuel·le·s sur des missions précises.
Nous sommes dans une approche de test & learn, et le chiffre d’affaires comme le temps alloué à la gestion de l’écosystème sont des métriques à évaluer pour améliorer le fonctionnement – et l’intérêt – du collectif.
📜 Développer une offre de services compréhensible pour des prospects extérieurs
Je dois vous l’avouer. Je n’ai jamais fait de prospection – et c’est un luxe.
Aujourd’hui, la plupart de mes client·e·s sont soit d’ancien·ne·s client·e·s qui reviennent pour de nouvelles prestations, soit des prospects qui viennent par la recommandation d’ancien·ne·s client·e·s.
Si cela permet de générer un beau chiffre d’affaires et de multiplier les projets plus intéressants les uns que les autres, tout cela est un peu “en dehors de mon contrôle”.
J’aimerais définir les services, offres et expertises de Caféine.Studio pour que des acteurs·rices extérieur·e·s puissent – facilement – comprendre la manière dont nous pouvons résoudre leurs défis pédagogiques. Il suffit de voir le site web de Caféine.Studio pour se rendre compte de l’ampleur du travail… Et c’est l’une des principales raisons de ma participation au bootcamp Tribu Indé.
⭐ Augmenter mon monopole personnel sur le design pédagogique centré sur apprenant·e·s
C’est probablement sur cette dimension que j’ai été le plus désaligné en 2023 : j’ai exploré différents sujets, sur différents médias pour différents publics.
Aujourd’hui, je souhaite développer une cohérence dans mon contenu autour du design pédagogique (learning design) centré apprenant·e·s. Je ne vous dévoile pas encore toutes les idées que j’ai en tête, mais si vous souhaitez développer des expériences d’apprentissage innovantes et engageantes, vous êtes au bon endroit.
✍️ Terminer les deux livres sur lesquels je suis en train de travailler
Je travaille effectivement sur deux livres en ce moment.
Le premier, dont je vous ai déjà parlé, prend plus de temps que prévu. J’ai beaucoup itéré sur son format, son approche et son contenu. Je suis à nouveau entré dans une phase de rédaction intensive.
Le second est plus particulier : il s’agit d’une co-direction d’une encyclopédie. Le travail est moins centré sur la rédaction, et plus sur la définition des lignes directrices et le suivi de la cohérence des articles – qui impliquent une centaine d’auteurs·rices. Je vous partagerai bientôt les grandes lignes de ce projet.
Bref, 2024 sera aussi une année de production écrite.
On se retrouve dans deux semaines pour la prochaine édition et en 2025 pour faire le point ?
Je suis tellement content de reprendre l’écriture de cette newsletter, et de vous retrouver par cet intermédiaire 🙌
N’hésitez pas à répondre à cette édition avec vos ressentis, commentaires ou idées. Et si vous avez fixé vos propres objectifs, vous pouvez me les partager ! C’est une bonne manière de s’engager à les atteindre.
Welcome back Nicolas, un grand plaisir de te lire de nouveaux ! Et courage pour tous ces beaux projets ! ✌️
Que c'était gai de te retrouver dans ma boite email ! Te lire m'avait manqué.
Hâte de voir ce que 2024 te réserve et d'en discuter autour d'un bon plat de pâtes :).