Bonjour à toutes et à tous 👋
Vous êtes désormais 3 496 à suivre learnability, soit près de 170 nouveaux·elles lecteurs·rices depuis la dernière édition. Cela me semble fou. Merci de me faire une place dans votre boîte de réception 🙌
J’espère que tout va pour le mieux de votre côté !
Du mien, tout va bien. J’ai passé les deux derniers week-ends à la côte belge pour profiter de la météo – cette photo n’a pas été retouchée –, passer du temps en famille, me balader dans la nature, faire des sessions d’entraînement le long de la digue et trouver les meilleures “garnaalkroketten” du littoral.
Dans l’idée “Moins, mieux et accompagné”, je découvre – à 36 ans, comme quoi… – que ces périodes déconnectées du travail et des réseaux sociaux sont nécessaires pour développer de nouvelles idées et ensuite mieux se replonger dans le flot quotidien. C’est aussi l’un des apprentissages récents en course à pied : la récupération est une composante essentielle de la progression. Après une année à courir tous les jours, ce n’est pourtant pas toujours facile d’accepter de faire des “jours sans”. Alors après 14 ans à travailler (un peu) tous les jours…
Au-delà de mon expérience personnelle, la science montre elle-même que les moments de pauses sont propices à “l’errance mentale”. Vous avez vous-même probablement déjà constaté que vos meilleures idées naissent sous la douche, non ? Les chercheurs·euses Shelly Gable, Elizabeth Hopper et Jonathan Schooler l’ont étudié en 2019 : en demandant à des écrivains et à des physiciens de tenir un journal pendant deux semaines, ils ont découvert que 20% de leurs idées les plus significatives ont émergé alors qu’ils se livraient à une activité autre que le travail, ou qu’ils pensaient à quelque chose sans rapport avec cette idée créative. Plus important encore, ces idées trouvées pendant les moments d’errance mentale étaient plus susceptibles d’être liées à la solution d’un problème contrariant. Et parmi les sources propices à cette flânerie, passer du temps dans la nature semble être l’une des approches les plus pertinentes selon une autre étude.
Alors oui, ma recommandation du jour pourrait être de fermer votre ordinateur, et de sortir vous promener. Toutefois, vu que vous êtes déjà en train de me lire, je vais en profiter pour vous partager 10 choses qui vont tout de même stimuler votre sérendipité, inspirer vos pratiques pédagogiques et enrichir votre approche du monde de l’enseignement et de la formation.
Ce format “10 choses qui méritent d’être partagées”, emprunté à Austin Kleon, commence à être récurrent dans la newsletter (cf. l’édition #47 et l’édition #52), et je sais que vous l’appréciez. Vous y retrouverez comme d’habitude des idées, des ressources, des réflexions ou des citations plus ou moins reliées au monde de l’enseignement et de la formation.
Comme d’habitude, n’hésitez pas à m’écrire en réponse à cet e-mail pour donner votre avis sur cette édition, ou simplement à m’indiquer la ressource que vous avez le plus appréciée.
Bonne lecture,
Nicolas.
⏱️ Temps de lecture : 6 minutes
L’une des questions les plus récurrentes suite à la dernière édition était : “Comment crées-tu les activités pour chaque étape d’un atelier ?” Et je dois avouer que la réponse n’est pas facile. Il y a un mélange d’inspiration, de créativité et d’expérience qui me permet aujourd’hui d’envisager de nouveaux formats d’exercices adaptés à chaque atelier. Si vous débutez, basez-vous sur des activités éprouvées, appliquez le déroulement et les consignes à la lettre, évaluez les résultats et adaptez en documentant vos choix. Pour trouver de l’inspiration et découvrir des activités clés en main, je vous recommande trois ouvrages : “Le Kit du design thinking” de Michael Lewrick, Patrick Link, Larry Leifer et Achim Schmidt, “Le design sprint en pratique” de Pauline Thomas et “Creative Acts For Curious People” de Sarah Stein Greenberg.
J’ai eu la chance d’être interrogé par Caroline Deblander dans le “CRF Info Compas Magazine”, le magazine du Conseil régional de la Formation dédié aux informations en matière de ressources humaines. Avec elle, nous explorons les tendances et enjeux de l’apprentissage dans la formation professionnelle : développement de l’apprentissage informel, nouveaux profils des formateurs, organisation apprenante, intelligence artificielle, etc. C’était un bel exercice dans lequel je partage ma vision actuelle du monde de la formation et envisage le futur de l’apprentissage dans les organisations. L’édition est à consulter en ligne ou à télécharger en PDF.
Je suis absolument fan de la collection “Mythes et réalités” dirigée par André Tricot aux Éditions Retz : des ouvrages relativement courts qui permettent de décrypter les – trop nombreuses – idées reçues en éducation et d’alimenter les pratiques professionnelles à partir de travaux scientifiques. J’ai dévoré la dernière sortie de la collection : le livre “Apprendre à distance” coordonné par Éric Sanchez et Elsa Paukovics qui propose dix chapitres pour déconstruire les croyances sur le distanciel. Je l’ai lu, relu, annoté et résumé.
“La meilleure façon d'empêcher un prisonnier de s'évader est de s'assurer qu'il ne sache jamais qu'il est en prison.” J’ai entendu cette citation attribuée à Fedor Dostoïevski dans un récent podcast. Si elle ouvre la réflexion sur les notions de contrôle social et d’autonomie individuelle, je l’ai notée dans mon carnet avec une transposition positive liée au monde de la formation : “La meilleure façon d’amener un apprenant à se former est de s’assurer qu’il ne sache jamais qu’il est en train de se former”. Qu’en pensez-vous ?
Ces deux dernières semaines, je suis entré dans cette période de l’année où je repense mon système de productivité pour l’améliorer en vue des défis des prochains. Le déclic a été cette vidéo de Balo dans laquelle il partage des petites actions mises en place pour se sentir mieux, créer plus et être plus en accord avec lui-même. J’ai ensuite enchaîné mes deux lectures rituelles : “Make Time” de Jake Knapp et John Zeratsky – dont je vous parlais dans l’édition 16 – et “La 25ème heure” de Guillaume Declair, Bao Dinh et Jérôme Dumont. Deux ouvrages avec une série de techniques pour dégager plus de temps dans sa journée afin de faire ce qui est réellement important. Cette année, j’ai ajouté “The 12 Week Year” de Brian Moran et Michael Lennington. Un livre qui vous guide pas à pas dans l’élaboration d’un “plan de 90 jours” : une planification de vos objectifs sur 12 semaines afin de rester concentré sur ceux-ci, et de ne pas être détourné par diverses opportunités – oui, pour moi, c’était une lecture nécessaire.
J’écoute 20 à 25 heures de podcasts par semaine, notamment en courant. Même si j'en profite pour aller puiser des idées dans d'autres domaines (design, marketing, architecture) ou développer des compétences transversales (business, entrepreneuriat, productivité, etc.), je dois avouer que les podcasts sur le monde de la formation (L&D) et de l'enseignement font partie de mes favoris. Parmi ceux-ci, beaucoup de podcasts en anglais, mais je découvre de plus en plus de chouettes podcasts en français. Grâce à un récent post LinkedIn et aux propositions dans les commentaires, j’ai élaboré la liste la plus exhaustive possible des podcasts francophones qui traitent de pédagogie, d'enseignement, d'apprentissage et de formation professionnelle. Il y a des milliers d’heures d’écoute ! Profitez-en bien !
Yann Houry, invité de l’édition 31, vient de lancer une série hebdomadaire intitulée “Itinéraire d'un lecteur gâté : du papier à la machine à lire”. Dix articles à lire ou à écouter – chacun faisant l’objet d’un article de blog et d’un podcast – dans lesquels il propose “le témoignage d’un lecteur heureux ayant le sentiment d’être devenu un meilleur lecteur du fait de son adoption du numérique.” C’est raconté avec humour, largement documenté, et cela invite à questionner ses propres pratiques. La première édition a été publiée hier (lundi 18 mars), et je me réjouis déjà d’être lundi prochain pour lire la deuxième.
Je suis en plein milieu des douze semaines du bootcamp “Tribu indé”, une expérience d’apprentissage à laquelle je participe principalement pour mieux structurer les activités de Caféine.Studio. C’est fou à quel point vivre une formation en tant que participant vous amène à percevoir, envisager et agir différemment : je peine à faire les exercices dans les temps, j’ai parfois juste envie de suivre une session de cours passivement sans interaction et je rencontre des difficultés à être actif sur la communauté. Tout cela m’a rappelé l’article “Sources d’influence de l’engagement des étudiants dans un dispositif de classe inversée à l’université” de Laetitia Gerard et Ariadna Ayala Rubio. Dans un dispositif d’innovation pédagogique – comme la classe inversée –, le changement, par rapport à une approche plus traditionnelle, engendre des attitudes attentistes ou de rejet de la part des étudiants qui peuvent mettre à mal le bon fonctionnement du dispositif. Dans ce contexte, cette recherche montre que les étudiants s’engagent pour trois principales raisons : ils se sentent soutenus, contraints et acteurs de leur réussite. Le formateur doit alors trouver l'équilibre entre la quantité des ressources à fournir, le degré de complexité des tâches demandées, le temps de travail requis en amont, la balance entre le développement de connaissances disciplinaires et transversales, le cadrage et l’autonomie ainsi que l’évaluation formative et certificative.
Plus d’un tiers des étudiantes et étudiants qui débutent à l’Université libre de Bruxelles n’atteignent pas un seuil minimum en matière de compétences numériques. C’est l’un des résultats marquants d’une enquête menée par Sylviane Bachy en 2022 auprès de 3 742 étudiants. Le questionnaire utilisé, les résultats et les analyses sont proposés dans cet article qui permet de définir un seuil de “vulnérabilité numérique”, de mesurer ses effets sur la réussite universitaire et d’envisager des pistes de soutien. Et ne pensez pas que cela soit réservé aux étudiantes et étudiants à l'université ; c’est à prendre en compte dans n’importe quel dispositif de formation – et encore plus ceux entièrement à distance.
"Rappelez-vous : lorsque les utilisateurs vous disent que quelque chose ne va pas ou ne fonctionne pas pour eux, ils ont presque toujours raison. Lorsqu'ils vous disent exactement comment y remédier, ils ont presque toujours tort." Cette citation de Neil Gaiman fait partie d’une excellente curation de 10 autres proposées dans la newsletter “Better by Design” de Patrick Morgan. Celles-ci permettent de simplifier la prise de décision en matière de conception de logiciels, mais elles s’appliquent quasi toutes parfaitement à la conception de formations. Si vous avez encore un peu de temps, je vous recommande aussi son article sur les grands principes de design qu’il utilise pour concevoir avec impact.
Merci de partager Better by Design, Nicolas. 🙏