Bonjour 👋
Nous sommes bel et bien jeudi. Cette newsletter est en décalage horaire, tout comme moi.
J’ai atterri lundi en Belgique, après avoir passé les dernières semaines à explorer l’Est Canadien en parcourant le Québec (Gaspésie et Saguenay), le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. J’ai eu l’occasion de conduire dans des paysages magnifiques – notamment la Cabot Trail –, de faire de longues randonnées dans des parcs nationaux et de visiter des petits villages magnifiques – comme Peggys Cove. Je suis ensuite retourné pour une semaine de travail à Montréal ; la dernière de 2023 avant un retour en mai 2024.
Durant ces vacances, je n’ai “quasi” pas travaillé. J’ajoute les guillemets avant que la relectrice de cette newsletter commente cette phrase. Il est vrai que j’ai, peut-être, préparé une conférence que je donnerai la semaine prochaine, ou même monté un épisode podcast qui est sorti la semaine dernière. J’ai probablement accepté une série de sessions de travail à Montréal. Toutefois, mon esprit n’était pas dans la routine quotidienne ni dans l’exécution. J’en ai d’ailleurs profité pour me nourrir de nouvelles idées, contenus et inspirations.
C’est ce qui a initié la newsletter de cette semaine. À l’instar de l’édition 47, je vous propose 10 découvertes qui m’ont particulièrement enthousiasmé ces derniers temps. À vrai dire, il y en a même un peu plus que cela… Ce sont des idées, des ressources, des réflexions ou des citations plus ou moins reliées au monde de l’enseignement et de la formation.
J’espère qu’elles vous inspireront autant que moi et alimenteront vos pratiques d’innovation pédagogique !
Bonne semaine,
Nicolas.
⏱️ Temps de lecture : 9 minutes
1️⃣ Deux entretiens à écouter : Nick Hernandez (360Learning) et Stanislas Polu (Dust)
Malgré les vacances, je n’ai pas perdu l’habitude de courir – presque – quotidiennement. C’était d’ailleurs un réel bonheur de troquer les abords du canal de Bruxelles – où je m’exerce habituellement – pour la nature canadienne.
Vous le savez probablement… Pour m’accompagner dans ces sorties running, les podcasts “longs formats” – deux heures ou plus – sont mes préférés, et parmi ceux-ci, il y a surtout Generation Do It Yourself dont je ne rate aucun épisode.
Ces dernières semaines, j’ai beaucoup apprécié la conversation avec Nicolas Hernandez (2h47), le fondateur de la plateforme d’apprentissage 360learning. Il y évoque son parcours académique – combinant Polytechnique et un Master en philosophie à l’Université de Toulouse –, sa vision du développement des compétences et du rôle de la formation en entreprise ou encore les impacts de l’intelligence artificielle dans notre domaine. Vous découvrirez des parallèles intéressants entre la mission de 360Learning – permettre à n’importe quel expert contenu de créer une formation et de la partager avec d’autres collaborateurs – et la dernière édition de cette newsletter.
J’ai aussi adoré l’épisode avec Stanislas Polu (3h05), le co-fondateur de Dust, un assistant d’intelligence artificielle qui vise à simplifier la vie en entreprise. Cette conversation sur l’informatique algorithmique et l’intelligence artificielle est à la fois technique tout en étant très pédagogique. C’est un épisode à travers lequel vous allez pouvoir en apprendre plus sur les Learning Language Model (LLM) comme ChatGPT, sur la manière dont les algorithmes permettent à ces LLM de bien nous répondre (ou pas) ainsi que sur les différentes raisons pour lesquelles la General Artificial Intelligence n’existe pas encore.
2️⃣ Un condensé de “mindfull productivity”
Je vous ajoute un troisième podcast à écouter, mais plus court cette fois. Une conversation avec Anne-Laure Le Cunff dont vous avez découvert le snapshot dans l’édition 39.
Dans cet épisode de l’Antischool, Anne-Laure évoque la manière dont elle gère en parallèle son entreprise, un doctorat en neurosciences – sur l’apprentissage en ligne –, l’écriture d’un livre et sa création de contenu.
Elle propose également une série de réflexions la manière d’aborder sereinement la productivité et la relation au travail, le revenu universel, le monde scientifique ou la création de contenu. Comme à son habitude, elle le fait avec bienveillance, empathie et en s’appuyant sur des recherches scientifiques.
J’ai aussi beaucoup apprécié son récent article intitulé : “The Science of Brainstorming: How to Effectively Generate New Ideas”. Vous y découvrirez des idées et des conseils pour être plus créatif·ive et réfléchir efficacement à de nouvelles idées.
3️⃣ Faut-il être influencé·e par les influenceurs·euses de la formation ?
Parmi les quelques activités qui ont tout de même occupé mes vacances, il y a le montage du dernier épisode de “C’est quand la pause ?” sorti le 23 octobre : “Infopreneurs, effet IKEA et apprentissage informel”.
À travers le format de chronique dont je vous parlais dans la dernière édition, j’aborde cette fois-ci les pratiques d’ingénierie pédagogique des infopreneurs.
Je trouve fascinant la manière dont ces créateurs·rices de contenu, totalement novices pour la plupart en matière de pédagogie, parviennent à proposer des expériences d’apprentissage innovantes, engageantes tout en sortant des cadres habituels. Elles et ils n’hésitent pas à être très agiles, à tester différents formats, à rendre les compétences qu’ils développent le plus applicable possible et surtout à évaluer l’efficacité et le vécu de leurs apprenant·e·s.
Dans l’épisode, j’analyse plusieurs exemples de formation pour ensuite discuter avec Jérôme et Lionel autour de la question : “Faut-il être influencé par les influenceurs·euses de la formation ?”
En complément, j’ai eu l’occasion de lire deux ressources intéressantes sur le même sujet :
Une analyse du parcours d’Andrew Huberman qui fait, lui, le chemin inverse : passer de professeur à Stanford au rôle “infopreneur scientifique”.
Les coulisses de l’échec de l’offre de formation de l’agence de conseil en innovation 15Marches. Un discours franc, courageux et honnête qui propose une analyse des erreurs commises et des leçons intéressantes pour toute personne ou institution qui souhaite proposer un “produit de formation”.
4️⃣ Formation professionnelle et sobriété numérique
Le sujet de la sobriété numérique me préoccupe de plus en plus, que ce soit en tant que designer d’expériences d’apprentissage, en tant qu’auteur – en souhaitant intégrer ce thème dans mon livre – ou simplement en tant que citoyen.
La sobriété numérique est une démarche qui vise à réduire l'impact environnemental du numérique en limitant ses usages, et constitue l'un des aspects de l'informatique durable. L'expression “sobriété numérique” a été définie en 2008 par l'association GreenIT.fr pour désigner “la démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer ses usages numériques quotidiens”. (Wikipedia)
C’est donc avec intérêt que je me suis plongé dans le dernier numéro de la revue scientifique “Distance et Médiations des Savoirs” : “La formation professionnelle entre injonction à la numérisation et impératif de sobriété”.
Il propose une petite dizaine d’articles de recherche scientifique, de retours d’expérience ou de notes de lecture. Ces différentes lectures permettent d’appréhender la complexité de mise en œuvre de cette sobriété numérique dans le domaine de l’enseignement et de la formation, surtout face à l’injonction d’une nécessité de numérisation et de développement des compétences numériques. Chaque article documente également l’importance des efforts à envisager pour faire converger politiques, stratégies, pratiques et représentations en matière de sobriété numérique.
5️⃣ L’intelligence artificielle qui rédige des romans
À l’aéroport de Montréal, j’ai acheté le dernier numéro du magazine Wired qui consacrait son édition à l’intelligence artificielle.
J’ai particulièrement apprécié l’article de Vauhini Vara sur l’usage de l’intelligence artificielle pour rédiger des textes de fiction : “Confessions of a Viral AI Writer”.
Vous le lisez à travers cette citation, le monde de l’écriture n’est pas si différent du monde de l’enseignement et de la formation : les avis restent très polarisés sur l’intelligence artificielle, comme sur chaque nouvelle technologie qui bouleverse un domaine.
La posture de Vauhini Vara est, elle, proche de celle que je nomme “numérisme pédagonumérique” pour le monde de l’enseignement et de la formation. Elle a expérimenté très tôt, dès 2017, les possibilités de l’intelligence artificielle, a documenté ses usages, a réfléchi aux implications pour les écrivain·e·s comme pour les lecteurs·rices et a discuté avec des expert·e·s et des acteurs·rices du domaine. Tout cela pour se forger un avis critique qu’elle partage brillamment dans cet article.
En bonus, l’article m’a permis de découvrir Sudowrite, un “partenaire d’écriture IA”, et je vous invite aussi à y jeter un œil.
6️⃣ 3 outils à découvrir
Ces dernières semaines, j’ai (re)découvert trois outils qui m’ont été un peu plus utiles que les autres.
Beeper qui regroupe toutes vos applications de messagerie – iMessage, Messenger, WhatsApp, LinkedIn Twitter, Signal, etc. – dans une seule.
L’un des principaux avantages par rapport à Texts que je vous ai recommandé il y a un an : Beeper fonctionne sur ordinateur et sur mobile.
Durant ces vacances, la gestion fine des notifications, la possibilité d’envoyer des messages programmés ainsi que la capacité à reporter la lecture de certains messages m’a permis de rester à flot dans le suivi de mes conversations sans y consacrer trop de temps.
Et si je dois encore vous répondre, sachez que votre message est tagué en conséquence et que je le ferai très vite 😀
Claap, un concurrent de Loom, qui favorise le travail asynchrone. Comme avec son équivalent, vous pouvez rapidement et simplement enregistrer votre écran ainsi que votre caméra pour faire une présentation. Par contre, Claap offre des fonctionnalités d’annotations plus avancées et des possibilités de sondage directement dans l’outil. Et ça fait toute la différence !
Mindnode, un outil de mindmap.
Depuis quelques semaines, je suis revenu à la nécessité de représenter mes idées visuellement sous la forme de cartes heuristiques. Cela m’aide à mieux les structurer qu’un plan linéaire (par puce). J’utilise ça pour préparer mes conférences, cette newsletter ou encore les chapitres du livre.
Si vous souhaitez découvrir les usages de l’outil d’autres personnes, je vous conseille deux vidéos : celle de Jérôme Keinborg ou celle de Shubham Sharma.
7️⃣ Se focaliser ou multiplier les projets ?
La semaine passée, j’ai eu une discussion avec Alan, auteur de la newsletter Plot, sur un banc du Parc Jarry ; conversation qui faisait écho à un récent article de Nat Eliason dont est extraite cette citation. L’auteur y partage son ambivalence sur la pertinence de consacrer du temps à l’écriture de sa newsletter et de tweets, alors qu’il rédige actuellement un livre.
De manière élargie, avec Alan, nous nous demandions : vaut-il mieux se focaliser sur un seul projet, perfectionner chacun de ses aspects et développer les compétences les plus adaptées pour celui-ci, ou multiplier les projets sans atteindre la perfection, ni dans le processus ni dans les résultats.
Pour l’instant, vous le remarquez, je suis plutôt dans le second camp en multipliant les projets et j’applique la loi de Pareto : prioriser les 20% des activités de chaque projet qui permettent d’atteindre 80% des résultats.
Certes, le site de Caféine.Studio pourrait mieux présenter les activités, l’habillage audio du podcast “C’est quand la pause ?” pourrait être amélioré, le contenu – ou la fréquence de publication – de cette newsletter pourrait être plus poussé, la rédaction du livre pourrait prendre – beaucoup – moins de temps ou le Learning Design Club pourrait – déjà – intégrer une communauté asynchrone, mais tout cela fait partie des 20% des activités qui prendraient 80% du temps. Cela complète ce que je partageais dans cet édito.
Même si cela me frustre parfois – pour ne pas dire souvent –, j’en reviens à ce constat : j’ai besoin de multiplier les activités pour mieux développer chacune d’entre elles.
8️⃣ Designer les livres pour en faire des ressources d’apprentissage
L’un de mes questionnements du moment est le suivant : quelles sont les caractéristiques d’un livre – en termes de format, de mise en page, d’écriture, d’illustrations, etc. – qui favorisent l’auto-apprentissage et le développement des compétences du/de la lecteur·rice ?
Comme de nombreux auteurs de “non-fiction”, l’un de mes objectifs avec le livre est d’amener à une acquisition de savoirs, savoir-faire et savoir-être que mes lectrices et lecteurs mobiliseront dans des situations nouvelles – dans mon cas, la conception d’expériences d’apprentissage. Comment maximiser ce processus sans la médiation d’un tiers ?
Si vous avez des éléments de réponse – en tant qu’auteur·e ou lecteur·rice –, partagez-le moi en répondant à cet e-mail.
En attendant, j’envisage de poser la question à Jean-François Parmentier et Quentin Vicens qui seront les invités de la prochaine session du Learning Design Club.
Leur livre propose 41 outils essentiels pour améliorer ses pratiques pédagogiques. Chaque outil est présenté de façon visuelle sur 2 pages : schéma de synthèse, résumé de l'outil, objectif et contexte d'utilisation, méthodologie à suivre, avantages et précautions à prendre ainsi que des exemples d’application. C’est une approche simple et efficace qui permet au/à la lecteur·rice de rapidement mettre en pratique.
Je vous prépare une édition de compte rendu de mes explorations en interrogeant d’autres auteurs à propos de leurs pratiques.
9️⃣ Comment est-ce que les écrivain·e·s écrivent ?
J’adore en apprendre plus les habitudes et processus de travail d’autres personnes. C’est d’ailleurs le point de départ des “Snapshot” de cette newsletter.
Et sur le sujet, je viens de découvrir “How i write ?” : un podcast vidéo dans lequel David Perell s’entretient avec des autrices et auteurs sur les coulisses de leur travail d’écriture. Cela montre qu’il n’y a pas une “bonne” manière de faire, que ce soit en termes de processus ou de résultats. Et dans une période de hauts et de bas à propos de mon livre, découvrir la manière dont d’autres réfléchissent, alimentent, vivent et ressentent l’écriture est plutôt précieux.
Je vous recommande l’épisode avec Lenny Rachitsky, l’auteur d’une newsletter à 500.000 abonné·e·s. Il y évoque la création de contenu, ce qui le stimule, l'équilibre entre la narration et l'aspect pratique, la protection de son emploi du temps et, surtout, sa capacité à s'élever au-dessus du “bruit sur Internet”.
🔟 De la construction d’une communauté
Hasard ou sujet du moment, j’ai eu l’occasion d’apprécier trois ressources pertinentes autour de la création de communauté – de pratique ou d’apprentissage.
Cette vidéo de Nico Saypharath dans laquelle il introduit la notion de communauté, en explique l’intérêt et partage le processus de création du Follow Focus Club, sa communauté de vidéastes & créateurs sur YouTube.
Le livre de Noémie Kempf, “Le pouvoir des communautés : Un levier stratégique et de transformation pour les entreprises”, qui présente, pour les organisations et les entrepreneurs·euses, l’intérêt de créer une communauté pérenne ainsi que les approches et outils à mettre en œuvre à chaque stade de son développement.
Cet article scientifique qui décrit, sous la forme d’un retour d’expérience, la construction d’une communauté d’apprentissage dédiée à l’amélioration des compétences écrites à l’université. Les chercheurs·euses se sont notamment intéressé·e·s à la structuration de ce dispositif ainsi qu’à la manière dont il développe les compétences des étudiant·e·s.
Merci pour toutes ces ressources inspirantes ! Comme toujours, j'y ai trouvé de quoi cogiter et partager !
Merci pour cette newsletter :) Je me retrouve parfaitement notamment au sujet des multiples projets en cours et le choix de gestion de ceux-ci !