Bonjour à tou·te·s 👋
J’espère que vous allez bien, et que vous profitez de ce début d’été.
De mon côté, j’ai passé quelques jours à Paris pour rencontrer plein de gens – je vous en dis plus dans cette édition –, me promener pour découvrir de nouveaux endroits – Aujourd’hui demain – ou passer par les habituels – Artazart – et courir dans les rares espaces non privatisés pour les Jeux olympiques.
Vous le remarquez : un rythme estival s’invite dans la newsletter, et je déroge quelque peu à ma régularité bimensuelle du mardi à 11:00. Ce sera peut-être le prix à payer pour continuer à me lire cet été 😀 J’espère que vous ne m’en voudrez pas.
J’imaginais que cette période serait propice à un peu plus de calme, mais les projets continuent de s’enchaîner – tant sur le plan professionnel que personnel. Cela reste néanmoins un moment idéal pour dresser le bilan des six premiers mois de l’année. Si vous en avez l’occasion, je vous recommande vivement l’exercice. Il m’a permis de faire le point sur ce qui avait été accompli, me réjouir d’une série de réalisation, baliser ce qui restait à faire et améliorer différents processus. Il y a clairement pas mal de travail à accomplir lors des six prochains mois, mais je suis plutôt du genre à me dire que si les objectifs sont – trop vite – atteints, c’est que je manquais d’ambition en les fixant. Une problématique récurrente reste ma capacité à rester focalisé les objectifs définis, et à ne pas céder aux sirènes des belles opportunités qui m’en détournent.
Dans cette optique, l’un des projets de cet été est d’avancer et de finaliser le livre – sur lequel je travaille depuis un an et demi. La rédaction n’était pas ma priorité n°1 ces derniers mois. J’ai enfin bloqué du temps les prochaines semaines pour finaliser un premier manuscrit complet, et commencer à soumettre des chapitres aux membres du groupe qui m’accompagne dans ce projet.
Cette semaine, je vous propose à nouveau 10 “choses” pour vous inspirer et alimenter vos pratiques pédagogiques. Une sorte de cahier de vacances, entre propositions de lecture à entamer, d’événements à vivre, de projets à découvrir, d’action à réaliser et d’inspirations à parcourir. Comme d’habitude, n’hésitez pas à m’écrire en réponse à cet e-mail pour donner votre avis sur cette édition, me poser des questions ou simplement m’indiquer la ressource que vous avez le plus appréciée.
Bonne lecture,
Nicolas.
⏱️ Temps de lecture : 9 minutes
1️⃣ Parmi les questions qui me sont souvent adressées – dans les échanges avec vous ou à travers les FAQ –, les plus récurrentes portent sur mes techniques de productivité ou de gestion du temps.
Si j’ai répondu ici ou là en partageant certaines pratiques, les livres de Cal Newport – notamment Deep Work et Digital Minimalism – alimentent le socle de mon approche globale. Son dernier ouvrage, Slow Productivity, sorti en mars dernier, m’a permis d’ajouter quelques principes clés à cette approche.
Si vous cherchez un livre rempli de techniques, passez votre chemin et tournez-vous plutôt vers Make Time de Jake Knapp et John Zeratsky, ou encore La 25e heure de Guillaume Declair, Bao Dinh et Jérôme Dumont. Parce que dans cet ouvrage, Cal Newport fait du Cal Newport : une série de grands principes étayés par des pratiques personnelles et surtout des illustrations historiques. Son but : vous aider à ralentir pour améliorer votre productivité en minimisant le stress épisodique qui conduit à la tension chronique et à l'épuisement professionnel.
Pour cela, il dégaine trois grands principes : faire moins de choses, travailler à un rythme naturel et être focalisé sur la qualité. L'un des enseignements importants du livre, dont ces trois principes découlent, est que chaque projet amène des “frais administratifs” – overhead tax –, des activités qui ne constituent pas le cœur du travail, mais qui sont nécessaires pour son bon fonctionnement (courriels, réunions, activité de coordination). En multipliant les projets, on multiplie ces frais administratifs qui démultiplient eux-mêmes le temps à consacrer à chaque projet. Et malheureusement, on a souvent tendance à oublier ces “frais administratifs” avant de se lancer dans un projet.
Si vous souhaitez commencer par un résumé du livre en vidéo, je vous conseille cette vidéo d’Ali Abdaal 👇
2️⃣ Une autre question sur mes pratiques a émergé lors d’une conversation récente avec Marie-Eve Beaud de Boostalab : comment fais-tu pour organiser tes idées et surtout tes ressources afin de les réutiliser dans tes différentes activités liées à Caféine.Studio ou à la newsletter ?
Quand je vous dis que vos “simples questions” ont souvent des répercussions importantes sur mon fonctionnement, en voici une belle illustration…
D’abord, il y a la réponse à la question… En y réfléchissant, j’utilise 4 outils pour consigner mes inspirations et réflexions :
Un carnet Leuchteurm1917 A6 que j’ai quasi toujours avec moi.
Un carnet Leuchteurm1917 A5 que j’ai à mon bureau et en réunion.
Une extension Pocket pour épingler et taguer les ressources web.
Un fichier Notion rempli d’idées diverses et variées.
Ensuite, ma manière de gérer toutes ces informations est très aléatoire et fluctuante.
Je vous partage deux citations qui illustrent mon système actuel :
Les bonnes idées, on les a dans sa tête, pas dans des notes. (Claude Chabrol)
Les bonnes idées survivront. (Quentin Tarantino)
J’ai effectivement cette croyance que les bonnes idées – comme les bonnes ressources ou les bonnes inspirations – restent quelque part.
À titre d’exemple, pour écrire cette édition, j’ai juste dressé une liste de 10 points dans un carnet à partir de mes souvenirs liés à ce qui m’a marqué ces dernières semaines ou ce que je souhaitais vous partager. Je ne suis ni retourné lire les inspirations de mon carnet, ni consulter les sites épinglés via Pocket ou prendre des éléments sur Notion.
Bref, tout est très organique, quelque peu chaotique et largement à optimiser. Du moins, c’était ma conclusion en répondant à Marie-Eve.
Et cela m’amène à l’un de mes devoirs de vacances : repenser ce système pour le rendre plus efficient. Le but n’est pas nécessairement de tout automatiser, ou d’avoir un système qui fonctionne à la perfection, mais plutôt d’améliorer mon approche actuelle avec des routines définies et des outils clés.
J’ai commencé le travail en (re)lisant quelques livres essentiels sur le sujet :
“Construire un second cerveau : Une méthode complète pour organiser votre vie numérique et libérer votre potentiel créatif” de Tiago Forte.
“The PARA Method: Simplify, Organise and Master Your Digital Life”, également de Tiago Forte.
“Le cerveau numérique : Organisez votre vie numérique, gagnez du temps et libérez votre esprit” de Julien Gueniat.
3️⃣ Je vous propose de sortir vos agendas pour déjà y inscrire deux événements importants du monde de la formation à ne pas manquer à l’automne :
Le 3 octobre 2024 (Louvain-la-Neuve, Belgique) se déroulera le Salon Epsilon, le lieu de la rencontre de l’offre et de la demande du marché de la formation en Belgique francophone.
Le 8 et 9 octobre 2024 (Rennes, France) se déroulera le Learning Show, deux jours d’ateliers, de conférences et de rencontres entre tous les acteurs du monde de la formation.
Je serai – activement – présent aux deux événements, et je vous en dirai plus d’ici quelques semaines.
4️⃣ Pour les Belges, gardez-vos agendas ouverts pour y ajouter, si vous le souhaitez, deux événements gratuits dans lesquels j’aurai l’occasion d’intervenir.
Tout d’abord, les Estivales de Formaform qui se dérouleront du 19 au 30 août 2024 un peu partout en Belgique francophone. Le lundi 19 août, je participerai à la journée “L’apprentissage par et en réseaux” à travers une conférence, et ensuite un atelier intitulé “Comment développer une communauté de pratique efficace ?” dont je vous partage le descriptif.
Une communauté de pratique rassemble des personnes autour d’une ou de plusieurs thématiques particulières. Dans un contexte professionnel, elle permet de cerner des problèmes et de trouver collectivement des solutions, et de partager des pratiques et des outils.
Si les outils numériques facilitent la mise en relation et les discussions à distance, créer une communauté reste un réel défi : il est n’est pas simple d’amener un groupe de personnes à interagir, partager leurs expériences et développer leurs compétences. Le sujet amène rapidement diverses questions : quelle est la différence entre une communauté d’apprentissage et une communauté de pratique ? Comment celles-ci se mettent en place ? Quels sont leurs facteurs de succès ? Quelles sont les méthodes à privilégier ? Quels outils peuvent soutenir les pratiques communautaires ?
Dans cet atelier interactif, nous proposerons aux participant·e·s de vivre une séance concrète de création de communauté de pratique. Ensuite, par le biais de l’expérience vécue, nous les amènerons à prendre du recul sur la démarche pour l’adapter à leur propre contexte professionnel. Enfin, nous leur partagerons, sur la base de la littérature scientifique et de différentes études de cas, les méthodes et outils pour créer, développer et animer des communautés de pratique.
Ensuite, je participerai le 19 septembre à Liège à la matinée de conférence et débat : “Intelligence artificielle et numérique…atouts pour l’éducation et la formation ?”. Organisée par EPALE, une communauté européenne de professionnels de la formation des adultes, la journée combinera conférences, world café et session de réseautage. J’aurai l’occasion d’y présenter l’approche d’explorateur·rice de l’intelligence artificielle que je développe ainsi que l’outil d’exploration de l’Intelligence Artificielle co-conçu avec Olivia Lanselle (invitée de l’édition 37).
5️⃣ Participer à des conférences, c’est bien. Mais se former, c’est mieux !
Si cette maxime vous parle, vous serez peut-être intéressé par le Master en Pédagogie Universitaire et de l'Enseignement Supérieur co-organisé par l’Université libre de Bruxelles et l’Université de Mons. La formation vous propose de suivre le meilleur des cours des deux institutions en sciences de l’éducation, en psychologie et en sciences humaines pour développer vos compétences pédagogiques ou améliorer vos pratiques.
Je n’y participe pas, mais Caféine.Studio est derrière la stratégie et la production de plusieurs vidéos pour mettre en avant ce beau projet.
6️⃣ Je souhaitais vous partager une réflexion notée la semaine passée dans mon carnet : la distinction entre le compliqué et le complexe, et son application à la conception pédagogique.
À Paris, j’ai eu l’occasion de vivre avec plusieurs freelances du milieu pédagogique une “journée ressource” animée par Mathieu Bachy. L’idée était de créer, le temps de cette session, un collectif d’entraide, d’expertise, de prise de recul et de développement de compétences entre pairs qui partagent des enjeux, difficultés et questionnements similaires.
Durant la session, Mathieu a mis en tension la différence entre les termes “compliqué” et “complexe”. Habituellement utilisés sans distinction, ces deux termes sont en fait opposés :
D’un côté, l’adjectif compliqué désigne ce qui est composé d’un grand nombre d’éléments ou ce qui est difficile à comprendre, à exécuter. Toutefois, avec de la méthode, de l’expertise et du temps, il est possible d’avoir une connaissance complète et une compréhension intégrale du fonctionnement de ce qui est compliqué. Construire une voiture ou résoudre un problème mathématique, par exemple, relève du compliqué. Il s’agit d’un problème qui a des solutions définitives.
De l’autre, le mot complexe vient du latin complexus qui signifie “fait d’éléments différents, imbriqués”. En français, ce mot désigne ce qui se compose d’éléments différents, combinés d’une manière qui n’est pas immédiatement saisissable. Les problématiques du complexe ont des adaptations plus ou moins durables, mais jamais de solution définitive. Faire travailler une série de personnes sur un même projet est complexe. Et si vous y parvenez dans un projet, ce ne sera pas nécessairement la même recette à reproduire dans le projet suivant.
Cette distinction – que je souhaite creuser, notamment grâce aux travaux d’Edgar Morin – a mis des mots, ou une forme de compréhension, sur une différence que je peine à expliciter entre une approche d’ingénierie pédagogique (ou instructional design) et une approche de conception d’expérience d’apprentissage (ou learning experience design). Je vous livre les quelques éléments inscrits dans mon carnet suite à la journée.
L’ingénierie pédagogique relève du compliqué, et tente de trouver un pourquoi causal linéaire à la manière de former des individus. Elle vise l’objectivité et s’inspire de méthodes issues des sciences dites “dures” – d’où le terme ingénierie – pour développer des méthodes de conception de dispositifs de formation. À l’opposé, la conception d’expériences d’apprentissage reconnaît que la réussite des apprentissages est multicausale : une expérience d’apprentissage pertinente pour un groupe de personne ne fonctionnera peut-être pas avec un autre groupe de personnes qui partagent les mêmes caractéristiques, ou pour les mêmes personnes mais sur une autre thématique. Une expérience d’apprentissage est une organisation par nature complexe dans la mesure où une série de facteurs personnels, interpersonnels, collectifs ou contextuels entrent en jeu. Dès lors, les méthodes et outils de conception d’expérience d’apprentissage permettent de réduire, voire parfois de saisir le complexe. Cela montre aussi que chaque expérience d’apprentissage est unique et nécessite un design particulier.
7️⃣ À Paris, j’ai également eu l’occasion de rencontrer Zineb Salamat et Ben Issen, co-fondateurs de Side School, un accélérateur qui offre des formations pratiques à l’intelligence artificielle.
Concrètement, en 21 jours, à travers une pédagogie combinant approche par projets – des défis ultra-pratiques –, des ateliers en direct et de l’évaluation par les pairs, ils proposent de développer les compétences que toute personne, en fonction de son secteur, doit maîtriser pour appréhender l’intelligence artificielle.
Après une première cohorte de designers et une seconde de marketeurs, ils s’apprêtent à lancer des formations pour tous les métiers de l’entreprise.
Un projet et une pédagogie à découvrir pour être inspiré ! Ils organisent des ateliers gratuits sur inscription qui pourraient vous intéresser, tant pour leur contenu que leur méthodologie.
8️⃣ Vous le savez, même si je prône le minimalisme pédagonumérique, les nouveaux outils qui sortent me font toujours de l'œil.
Parmi ceux qui ont touché ma corde sensible du moment – une réflexion sur mon usage du papier par rapport à des outils numériques comme la reMarkable ou l’iPad avec Goodnotes –, il y a le Daylight Computer.
Un “ordinateur” qui s’apparente plutôt à une tablette, doté d’un écran “Live Paper”, une sorte de e-ink beaucoup plus réactif. L’outil est avant tout fait pour lire, prendre des notes manuscrites et écrire au clavier en sélectionnant soigneusement les applications qui peuvent y être déployées. Cela interroge aussi nos usages, et surtout l’affordance que de tels objets peuvent avoir sur la manière de les conditionner.
9️⃣ Dans mes dernières lectures, il y a ce rapport du World Economic Forum : “Putting Skills First: A Framework for Action”.
Cette approche “compétences avant tout” (“skills first”) décrit une nouvelle manière, au sein des organisations, de recruter et d’organiser la gestion du personnel en mettant l’accent sur les compétences de chacun et chacune plutôt que leurs diplômes, antécédents professionnels ou titres de poste. Selon le rapport, 49% des personnes travaillent à un poste qui n’est pas lié à leur diplôme, et plus de 100 millions de personnes dans 18 pays pourraient intégrer le marché de l’emploi grâce à cette approche axée sur les compétences.
Si celle-ci se déploie, il sera intéressant d’envisager des modèles de formation adapté à cette approche “skills first”, tant en formation initiale, continue, professionnelle ou pour chercheurs d’emploi. Un bouleversement à venir…
🔟 Et en parlant de compétences à développer, je vous propose de découvrir la “PédaGObox” de Bruxelles formation, un outil à destination de leurs formatrices et formateurs engagé·es dans l’innovation et l’élargissement des pratiques pédagogiques, mais ouvert à tou·tes !
Composée de fiches, elle donne accès à des conseils, trucs et astuces, liens et informations permettant de faire évoluer, innover et imaginer de nouveaux supports et activités pédagogiques avec les publics en formation.
Comme d’habitude un grand merci pour tout 🙏🏻
Une belle édition estivale de Learnability. Merci Nico !