Bonjour à tous 👋
J’espère que vous allez bien. Une partie du public belge qui me lit est probablement en vacances – si c’est le cas, profitez-en bien.
De mon côté, je suis arrivé avant-hier à Montréal pour participer au Sommet du numérique en éducation et au Colloque international de recherche en éducation qui auront lieu les 9 et 10 mai. Je présenterai un atelier au premier, et une communication scientifique au second. Si vous assistez à l’un de ces événements, contactez-moi (en répondant simplement à cet e-mail) pour jaser innovation pédagogique et conception centrée utilisateurs lors d’une des pauses-café.
Je voulais finaliser ma préparation pour les 20 kilomètres de Bruxelles en profitant du Mont-Royal pour ajouter du dénivelé. Mais c’était sans compter sur l’apparition du fasciite (ou aponévrose) plantaire qui m’a mis à l’arrêt depuis une semaine – même la marche est douloureuse. Pour l’instant, je prends mon mal en patience et accepte que cette course ne sera peut-être pas pour moi cette année. Le fait de courir régulièrement est un exercice de force mentale, s’arrêter et en subir les conséquences l’est encore plus.
Cette semaine, je vous propose à nouveau 10 “choses” pour vous inspirer et alimenter vos pratiques pédagogiques. Cette série commence à trouver sa place dans ma ligne éditoriale, et vous y portez de l’intérêt : la dernière a intégré le top 3 des éditions les plus lues depuis l’existence de cette newsletter. Si vous vous dites que toutes les idées, réflexions, vidéos ou lectures proposées ne sont pas toujours liées au domaine pédagogique, c’est normal. Je vous explique tout dans le premier point.
Comme d’habitude, n’hésitez pas à m’écrire en réponse à cet e-mail pour donner votre avis sur cette édition, me poser des questions ou simplement m’indiquer la ressource que vous avez le plus appréciée.
Bonne lecture,
Nicolas.
⏱️ Temps de lecture : 8 minutes
J’aime commencer les éditions de cette série avec l’une des questions qui revient le plus dans vos messages. J’ai choisi celle-ci : “Comment trouves-tu de l’inspiration pour innover dans tes pratiques, dans les idées que tu proposes à tes clients ou dans les projets d’expérience d’apprentissage que tu conçois ?”
J’aurais pu écrire une édition complète sur le sujet, et ce sera même pour bientôt. En attendant, je vous partage quelques éléments de réflexion. Le point de départ est que les idées ne naissent pas tout d’un coup, dans une situation donnée ou face à un problème – en tout cas, pour moi. Elles doivent mûrir, et c’est un processus en trois étapes.
(1) S’alimenter : pour nourrir ma créativité, j’aime sortir du monde de l’enseignement et de la formation professionnelle traditionnelle. Je passe beaucoup de temps à lire les derniers travaux de recherche scientifique, à suivre des expériences d’apprentissage proposées par des personnes extérieures au monde de la formation – comme des acteurs associatifs, des créateurs de contenus, etc. – ainsi qu’à découvrir les pratiques et méthodes de domaines connexes – comme le design, le marketing, la psychologie, etc. Je passe également beaucoup de temps à observer et analyser le monde qui m’entoure, les micro-apprentissages informels quotidiens, le fonctionnement des organisations, les processus humains, etc.
(2) Consigner : s’alimenter c’est bien, mais encore faut-il en retenir quelque chose et se l’approprier. Je passe donc beaucoup de temps à écrire mes idées, à y réfléchir et à créer des liens entre elles. Pour cela, j’ai plusieurs carnets que je mobilise en fonction des contextes, mais j’en ai toujours un sur moi. J’y écris tout ce qui me semble intéressant : observations, réflexions, découvertes, inspirations, idées, etc.
(3) Organiser : dans les 48 à 72 heures, je repasse sur tous les éléments écrits et je les organise principalement sur Notion. Les notes les plus structurées ou les idées pour des projets vont directement dans les pages associées, les idées ou réflexions pour cette newsletter vont dans le backlog des éditions futures et les sources d’inspiration deviennent des notes dans une base de données du même nom. Chaque note contient l’inspiration (une photo, un lien, un texte écrit), des idées associées à cette inspiration et une série de tags.
Observer le quotidien et laisser mûrir ces sources d’inspiration pour les combiner au moment opportun est l’une des meilleures manières pour innover (pédagogiquement).
Saviez-vous comment a été inventé le filtre à café ? Grâce à ce processus ! Melitta Bentz, alors femme au foyer, trouvait que les percolateurs avaient tendance à trop infuser le café, les machines à expresso à laisser des dépôts dans le liquide et les filtres à manche en lin étaient difficiles à nettoyer. Elle expérimenta plusieurs techniques, sans succès. Un jour, en observant l’effet sur l’encre du papier buvard des cahiers d'école de son fils, elle décida de l’utiliser dans un pot de cuivre perforé avec un clou pour filtrer le café. Ce café moins amer rencontra l'enthousiasme général et elle décida alors de monter son entreprise.
Pour illustrer mon propos au point 1, je vous partage l’une des entrées récentes importées de mon carnet vers Notion – qui, je l’espère, vous donnera des idées. La note est intitulée : “Les toilettes comme espace d’apprentissage informel”. Elle est accompagnée de ces deux photos prises dans les toilettes de l’Université Catholique de Louvain.
J’ai ensuite écrit quelques mots : "Je suis passionné par les affiches / affichages à but pédagogique : de l’apprentissage du lavage des mains en période COVID aux instructions d’assemblage d’un meuble IKEA comme les affiches d’HEC Montréal ou les posters de Jamie Clarck. Au-delà du média qui, dans cet exemple, pourrait être amélioré, l’idée d’utiliser les toilettes comme espace d’apprentissage est intéressante : cela permet potentiellement d’apporter des grains de compétences – certains parleraient de micro-learning – à tout type de publics, et peut-être encore plus ceux qui peinent à se former”.
Pour vous lancer dans la réflexion, je vous partage une photo prise avant-hier dans l’avion. C’était mon “briefing pour être capable d’utiliser la porte de secours”. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Comment pourriez-vous appliquer cela à l’un de vos contextes ?
La semaine dernière, nous avons élaboré avec Pierre, en stage chez Caféine.Studio, une grille d’évaluation de la qualité d’une vidéo pédagogique dans le cadre d’une collaboration avec la formidable équipe d’AIM & Associés. Nous avons réalisé une revue de la littérature de la plupart des travaux scientifiques sur les ressources audiovisuelles pédagogiques, et en avons tiré 54 critères classés en fonction des principales étapes de production. Ce n’est qu’une première version qui est perfectible – nous avons d’ailleurs une liste de critères à ajouter après les premiers tests. Nous vous proposons de la découvrir et d’améliorer le document – simplement en ajoutant des commentaires dans le document. Je partagerai la “v2.0” dans la prochaine édition.
Pour alimenter ce travail, nous nous sommes notamment appuyés sur l’ouvrage “Learning Experience Design” de Donald Clark. Ce livre était l’un de mes favoris de l’année 2021 en matière de conception d’expériences d’apprentissage. Trois années plus tard, il reste une des références incontournables en matière de création de ressources pédagogiques. Après une introduction à la notion de learning experience design et la définition de quelques concepts clés – émotion, attention, motivation, design d’interface –, l’ouvrage offre une série de conseils pratiques pour la création pédagogique sur différents médias : texte, graphique, audio, vidéo, simulation, AR/VR, etc. C’est le réel apport du livre : proposer, pour chaque média, une approche historique, un résumé de ses effets sur l’apprentissage, les impacts en termes d’expérience et les pratiques de conception adaptées.
Auphonic, vous connaissez ? Si vous faites de la production audio ou vidéo, vous devez absolument utiliser Auphonic – oui, je vous l’écris sur le ton de l’obligation. C’est un site web qui vous permet d’améliorer la qualité audio de n’importe quelle prise de son. L’outil m’a déjà sauvé à plusieurs reprises : enregistrement à un volume trop faible, écho dans une pièce, enregistrement d’un podcast dans un bar bruyant, qualité du micro plutôt médiocre, etc. Même lorsque la source est correcte, je passe systématiquement tous les fichiers audio dans Auphonic pour harmoniser le traitement et les niveaux.
En parlant – implicitement – de “C’est quand la pause ?”, nous avons sorti la semaine passée un épisode consacré à l’intelligence artificielle en formation. Hormis une discussion avec Yann Houry en janvier 2023 à propos de ChatGPT, l’intelligence artificielle était restée en dehors de notre calendrier éditorial. Toutefois, au regard de l’ampleur du phénomène, nous avons décidé d’y consacrer un épisode entier, c’est-à-dire trois chroniques. La première, celle de Jérôme, vous projette dans le futur à travers le récit d'Anna, une employée qui développe ses compétences en 2034 grâce à l'IA. Dans la deuxième, je vous propose d’adopter une posture d’explorateur de l’intelligence artificielle pour maximiser les bénéfices et limiter les risques de votre usage de l’IA en formation. Vous y découvrirez un outil co-développé avec Olivia Lanselle. Dans la troisième chronique, Lionel analyse le scepticisme de la population à propos de cette innovation, et se demande si ce n’est pas ça, la bonne posture à adopter.
Cette 26e place de créateur / influenceur LinkedIn en Belgique a tout de même généré quelques réflexions sur ma posture vis-à-vis de la plateforme – elles aussi, consignées dans l’un de mes carnets.
J’ai longtemps défendu Twitter avec la nostalgie des années 2011 à 2018 : veille scientifique, partage des premiers résultats de recherche, live tweet lors d’événements, questionnement public et collectif, etc. Le réseau a largement contribué à mon développement personnel et professionnel. Aujourd’hui, je ne me retrouve plus du tout dans ses diverses évolutions – contenu, management, business model, etc.Après quelques expérimentations l’année passée, j’ai développé un sentiment ambivalent à propos de LinkedIn. C’est à la fois le “nouveau Twitter” du monde professionnel en termes de partage, de veille et de co-construction, avec l’avantage d’être moins “niche” que Twitter. Mais c’est aussi une plateforme sur laquelle le contenu est beaucoup plus axé sur une sorte de “mise en avant” ou “vitrine de soi” – la plateforme garde son ADN de curriculum vitæ en ligne. En d’autres termes, Twitter était un lieu d’expérimentation, de questionnement et de partage des premières réflexions, là où LinkedIn impose une posture d’expertise, ou de réflexion (intelligente) a posteriori sur l’action. C’est probablement aussi le reflet de l’évolution d’Internet dans son ensemble.
Dans ce contexte, j’ai relu “The Art and Business of Online Writing” de Nicolas Cole avec un objectif : utiliser ses techniques concrètes, pratiques et actionnables pour mettre en valeur un contenu plus réflexif, tourné sur la co-construction, le questionnement public et le partage ouvert. Je vais tester cela dans les prochaines semaines, vous pouvez me suivre sur LinkedIn pour participer à cette nouvelle expérimentation.
Ces dernières semaines, j’ai relancé la petite communauté qui m’accompagne dans l’écriture de mon livre. Après une mise en pause du projet équivalente à celle de cette newsletter (entre novembre 2023 et février 2024), je me suis remis à écrire ce qui est maintenant la troisième version de l’ouvrage. Entre-temps, avec le groupe, nous sommes passés de la plateforme Circle à Frond pendant quelques semaines – notamment vu l’inflation des prix de Circle – pour finalement tester une communauté WhatsApp depuis une dizaine de jours. Je pense que celui qui a été le plus difficile à convaincre… C’était moi. J’ai beaucoup de mal à utiliser des outils de ma sphère personnelle dans une sphère plus professionnelle, et vice-versa. C’est tout de même l’occasion de tester un nouvel outil pour faire communauté et, pour l’instant, cela semble plus adapté au projet et au type d’implication des membres. À suivre…
Plusieurs d’entre vous m’ont écrit pour me demander comment j’avais élaboré mon plan d’entraînement pour la course à pied. Le running est d’ailleurs l’objet de plus en plus de vos messages. Depuis début février, je suis inscrit sur la plateforme Campus Coach qui m’a permis de me créer un plan personnalisé par rapport à mon objectif, mon niveau (lié à mon temps de référence) et mon évolution. Chaque entraînement est téléchargé sur ma montre pour m’indiquer les allures et les durées pendant la sortie. À la fin d’une séance, je synchronise les résultats sur la plateforme qui permet de tenir un journal de bord de mon évolution. À côté de cette dimension logicielle, il y a aussi une incroyable communauté, réactive et bienveillante, une documentation très riche sur tous les aspects liés de près ou de loin à la course à pied ainsi que des webinaires réguliers sur des sujets spécifiques. Bref, une réelle expérience d’apprentissage du running.
Vous pouvez tester gratuitement la plateforme en vous inscrivant à un programme non personnalisé sur plus distances, ou obtenir un mois gratuit pour tester n’importe quel programme personnalisé avec ce lien (ou le code NICOLAS2E639).
Pour les passionné·e·s de running – ou tout·e·s les autres intéressées –, j’ajoute une ressource “bonus” : la dernière vidéo de Théo Lio, le CEO du groupe d’agences Coudac, qui a documenté sa préparation et la course de son marathon de Paris 2024. C’est impressionnant – surtout pour quelqu’un qui vient de s’inscrire à un marathon –, et c’est plein d’apprentissages qui dépassent l’univers de la course à pied.