Chercher sans cesse à concevoir la meilleure expérience d’apprentissage asynchrone
learnability #20 · Conversation avec Eliott Meunier
Bonjour à tou·te·s 👋
J’ai l’impression d’avoir envoyé la dernière édition avant-hier. Ces deux dernières semaines ont été particulièrement intenses. Il y a d’abord eu le salon Learning Technologies à Paris, et ensuite trois journées de hackathon pédagogique avec des enseignant·e·s de l’IHECS et de la Haute Ecole Galilée, deux institutions bruxelloises d’enseignement supérieur.
Learning Technologies était mon premier salon “commercial” – j’ai plutôt l’habitude des rencontres scientifiques. J’y allais en tant que simple visiteur afin de faire de la veille sur les dernières tendances du monde la formation. Au final, le plus intéressant s’est passé en dehors des stands : les rencontres et discussions avec de nombreuses personnes du milieu, les retours d’expériences d’entreprises – sur le vécu pendant la pandémie – ou encore les bons moments passés avec Jérôme et Lionel, mes acolytes du podcast “C’est quand la pause ?”.
Quelques jours plus tard, le hackathon pédagogique avait pour objectif de former des enseignant·e·s à la conception de dispositifs hybrides. Il s’inscrit dans un projet de recherche dont l’une des hypothèses est qu’une formule intensive de développement professionnel s’avère plus efficace que des formats plus courts – comme des formations thématiques – ou plus longs – comme un certificat. L’expérience a été très riche et a déjà permis de beaux accomplissements. Pour les premiers résultats, il faudra néanmoins attendre la fin de l’année 2022.
Toutes ces activités ne m’ont pas empêché d’enregistrer un nouvel épisode de podcast dans lequel nous questionnons la place d’un·e des acteurs·rices centraux·ales des formations : le/la formateur·rice ! Nous en avons même profité du salon parisien pour enregistrer une série de témoignages qui alimentent ce nouvel épisode.
Cette semaine, je vous propose enfin une nouvelle conversation ; la dernière datant du 22 février ! Je reçois Eliott Meunier, un créateur de contenu de 17 ans qui a conçu depuis près de deux ans une formation sur le thème de la gestion de connaissances. J’aime m’inspirer auprès de personnes qui ne sont ni du milieu académique, ni du milieu de la formation pour comprendre leurs approches, leurs pratiques de conception et leur vision de la formation. J’ai d’abord connu Eliott sur YouTube avant de découvrir sa formation. Nous avons eu l’occasion d’échanger en avril dernier à Lisbonne. Cette discussion a été passionnante et je suis ravi de pouvoir enfin vous la partager !
Bonne lecture,
Nicolas.
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Temps de lecture : 14 minutes
Eliott a 17 ans, lit 100 livres par an et a quitté l’école pour reprendre en main son éducation. Depuis ses 15 ans, il a créé son propre système de gestion des connaissances personnelles. De la sélection d’une nouvelle information à son utilisation, cette méthode lui permet de développer un “second cerveau” afin de réduire la charge mentale liée à ses nouveaux apprentissages.
Sur cette base, il a écrit un livre, récemment publié chez Eyrolles, et développé Atomic Thinking, une formation permettant à tout le monde de se créer un système similaire pour stocker ses connaissances, les retrouver en moins de 30 secondes et les mettre au service de différents projets.
Aujourd’hui, je décrypte avec lui son approche pédagogique, ses principes de conception et sa vision de l’éducation.
Salut Eliott. Merci d’avoir accepté cette discussion. Je suis assez admiratif de ta capacité à entreprendre si jeune. C’est un réel état d’esprit à adopter pour créer des projets, dépasser les obstacles, surmonter les échecs… Comment as-tu développé cette mentalité ? Ce n’est pas uniquement à travers tes lectures ?
Non, clairement pas. J’ai eu un passé dans la danse à un très haut niveau : j'étais à l'Opéra de Paris et je suis parti en internat quand j'avais 11 ans. Ce milieu m'a réellement forgé. Ce côté “sport de haut niveau” pratiqué avec une rigueur extrême… C’est d’une exigence absolue.
Un de tes premiers projets d'entrepreneuriat remonte à tes douze ans. Tu as commencé par vendre des photos imprimées en 3D pour aller très vite vers le dropshipping. Quel a été le déclencheur ?
YouTube. Je dois l’avouer, je suis passionné de nouvelles technologies. J’avais envie d’avoir un nouveau téléphone, une nouvelle caméra, de faire des films et plein d’autres trucs. Au départ, je n’avais pas d’argent, donc je me suis dit : “Comment est-ce que je peux vendre et faire de l’argent ?”
Je regardais beaucoup de vidéos de Do it Yourself. J’ai découvert l’impression 3D. J’y ai vu l’opportunité de vendre des objets que j’étais capable de créer. J’ai demandé une imprimante 3D à Noël et j’ai commencé à imprimer ces fameuses photos 3D dans des cadres lumineux. J’en ai eu vite marre pour différentes raisons. Je me suis alors lancé dans le dropshipping.
Et après avoir vendu à peu près tout et n’importe quoi, comme des microgreens, tu as évolué vers la création de contenu ?
J’ai peu à peu arrêté la danse de haut niveau et commencé un blog. J’y critiquais des spectacles. C’était fou ! J’étais invité à plein de spectacles de danse à Paris, je faisais les critiques le soir même et le lendemain j’enchaînais avec les cours. Après, j'ai écrit un livre sur les étirements en danse. Ensuite, je me suis arrêté pour prendre du recul et théoriser le système que j'avais naturellement mis en place pour gérer mes connaissances.
Quel était ce système ?
C’est un second cerveau. Une approche pour trier les meilleurs contenus, stocker les connaissances, aider à les retrouver, approfondir un sujet et faire émerger des idées innovantes.
Il a évolué au fur et à mesure, mais aujourd’hui je le résume à travers l’acronyme C.O.D.E.C qui présente ses différentes étapes :
“C” pour capturer les contenus pertinents de façon automatique grâce à un "agrégateur".
“O” pour organiser notre connaissance et pouvoir retrouver une note en 30 secondes.
“D” pour déconstruire le contenu que l’on consomme en “note permanente”.
“E” pour faire émerger des idées innovantes.
“C” pour créer des contenus à forte valeur ajoutée.
Comment l’idée de former d’autres personnes à ce système a émergé ? La formation était un produit comme un autre, que tu pouvais réussir à vendre ?
Oui. J’ai commencé à y penser quand j’avais 15 ans. C’était une réflexion d’adolescent. Ton seul objectif, c’est d’avoir de la reconnaissance sociale et de l’argent. Aujourd’hui, mon approche a complètement évolué. À l’époque, je l’avoue, c’était : “Je vois que ça fonctionne aux Etats-Unis. Le marché représente peut-être 10 millions et se partage entre trois créateurs. En France, il n’y a personne qui fait cela. Je vais tester.”
Et j’ai testé. J’ai créé une formation en une semaine et j’ai itéré peu à peu. J’ai mis une vingtaine d’euros en publicité Facebook et YouTube. J’ai évalué la demande, et il y a eu une réponse très forte du marché. Je me suis dit : “Ok, il y a un truc !”.
J’ai alors commencé à créer du contenu sur YouTube et une nouvelle version de la formation. J’avais l’envie d’en faire un réel business. Une vraie formation avec une méthode, un protocole et une marque. Ça a été le début d’Atomic Thinking.
Avant de revenir sur le processus de conception pédagogique d’Atomic Thinking, je voulais comprendre pourquoi la formation apparaissait comme le meilleur business model pour toi, notamment sur le plan financier ?
Le truc, c’est que tu as 100% de la valeur ajoutée. Tu n’as pas d’intermédiaire et c’est scalable. Tu pourrais me dire : “Oui, un ebook, ça a les mêmes avantages.” C’est vrai. Mais j’étais assez à l’aise en création audiovisuelle. Ça faisait presque 10 ans que je faisais des vidéos sur YouTube, que je créais des podcasts, etc. Ça ne me prenait qu’une semaine pour créer une formation. J’avais déjà toutes les notes dans mon système ; c’était juste une question d’assemblage dans un plan cohérent et de tournage.
Rapide à faire, c'était pour moi le produit idéal. Ça semble être une démarche très commerciale, et ça l’était. En parallèle, j’ai commencé à m’intéresser aux théories cognitives et j’ai beaucoup lu sur les processus d’apprentissage. Au fur et à mesure, j’ai voulu créer la meilleure expérience de formation possible. Aujourd’hui encore, j’améliore sans cesse la formation.
Est-ce que ta définition de “former des gens” a évolué en parallèle ?
Complètement. Au début, je ne me suis même pas posé la question de former des gens. Pour moi, il s’agissait de montrer mon système pour créer un second cerveau. Mais je ne pensais pas à l’impact que je souhaitais avoir sur la personne.
Aujourd’hui, c’est totalement différent. J’y réfléchis en amont. Je conçois la formation comme une expérience et j’en mesure ensuite l’impact. Mon objectif, c’est de réussir à ancrer les habitudes que je propose chez la personne. Après deux mois, je mesure à quel point elle utilise l’outil, la manière dont elle a transformé son emploi du temps pour se mettre à la lecture, la façon dont elle élève sa pensée, etc.
Au-delà de la preuve de marché, obtenue assez rapidement, comment as-tu analysé le profil de tes potentiels apprenants ou encore leurs besoins ?
Je note tout depuis très longtemps. J’avais exactement consigné toutes les épiphanies que j’avais eues en découvrant cet univers-là : la découverte du terme “second cerveau”, les logiciels de productivité, les concepts associés, etc.
J’ai repris mes notes, j’ai ciblé mon public et je voulais faire vivre aux gens les mêmes épiphanies et résoudre des problèmes qu’ils vivaient.
Je comprends l’intérêt sur le plan marketing. En matière de conception pédagogique, comment as-tu envisagé le parcours d’apprentissage des participants ?
Je n’ai pas fait un tri par thématique. Tu sais, décomposer en fonction de “tout ce qu'il y a à savoir sur la mémorisation”, “tout ce qu'il y a à savoir sur la prise de notes”, “tout ce qu'il y a à savoir sur la sélection d'informations”.
J’ai construit la formation en fonction des besoins des apprenants et d’un cheminement logique pour eux. J’ai créé le parcours sur la base des étapes de la méthode en intégrant, dans chacune, des éléments sur la mémorisation, les neurosciences, la prise de notes ou la création d’habitudes. Ça permet à la personne qui suit la formation d'implémenter progressivement.
Ensuite, j’essaie de diriger les participants en fonction de leurs profils. Je débute la formation en disant : “Vous avez une heure par jour à consacrer à la formation, voici ce que je vous conseille de faire. Vous avez plus de temps, suivez-la dans l’ordre chronologique, etc.” J’améliore ce profilage au fur et à mesure des itérations.
Pourquoi avoir opté pour une formation en auto-apprentissage, alors qu’en ce moment, ce sont surtout les formations par cohorte dont tout le monde vante l’efficacité [NDLR : voir le tweet de Wes Kao dans la partie “Inspirations”] ?
Je me base sur mon vécu d’apprenant. Honnêtement, je déteste qu'on me dise : “Sois là à telle heure pour suivre la formation”. J’ai mon emploi du temps, je souhaite m’organiser comme je le souhaite.
Est-ce que ça n’a pas un impact négatif sur l’efficacité de ta formation ? Ça demande tout de même des compétences d’auto-régulation des apprentissages pour les personnes qui suivent ce parcours…
Si je voulais créer la meilleure expérience possible, je proposerais la formation dans un lieu en présentiel, sous la forme d’un séminaire, d’une expérience immersive avec des cours de yoga, de la méditation, etc. Il est très probable que cela se fasse dans un futur proche (rire).
Toutefois, aujourd’hui, dans ma journée idéale, il n’y a pas une minute d’opérationnel. Ce n’est que de la lecture, de l’écriture, de la réflexion et de la création. Pour te donner une idée, j’ai dû travailler 120 heures depuis le début de l’année [NDLR : la conversation a été enregistrée en avril 2022]. Ce n’est presque rien. Pourtant, je parviens à générer plus de 20.000 euros par mois. Aujourd’hui, c’est l’approche qui me convient le mieux.
Mais tu as raison ! Les participants ont besoin d’un suivi. Ils peuvent déjà poser autant de questions qu’ils souhaitent et j’y réponds personnellement. D’ici peu, j’envisage de proposer un live hebdomadaire. Les participants pourront poser leurs questions avant, à travers une vidéo, et moi j’y répondrai ensuite en direct. Ce sera découpé et classé dans une banque de réponses accessibles à tous.
J’ai aussi l’impression que le “hack pédagogique” de ta formation, sa sauce secrète, c’est qu’elle porte sur la prise de notes et que tu demandes à tes participants de prendre des notes pendant la formation. Bref, tu les mets en action et ils s’autonomisent. Ça soutient la régulation de leurs apprentissages.
C'est ça le truc. C’est une habitude à prendre. Pour les aider, dans chaque vidéo, je dis : “Voici ce qu'on a vu, voici les notes que vous devriez avoir prises.” Ça met les personnes en action, et ça permet de voir s’ils ont pris de bonnes notes.
J’essaie aussi de les amener à réfléchir à leurs apprentissages, à les structurer. Je leur dis : “Ce soir, avant d'aller vous coucher, résumez les trois concepts dans votre tête. Si vous ne vous en souvenez plus, vous notez que vous ne vous en souvenez plus et vous les relisez demain matin.” Les recherches en neurosciences ont montré l’impact de cette répétition.
Après, c’est une formation sur la gestion des connaissances. Pas un cours d’économie ou d’histoire dont il faut absolument mémoriser tous les concepts. C’est pour cette raison que les quiz ne sont pas nécessairement très travaillés. Il y en aura probablement même moins dans la prochaine version. Je les amène plutôt à utiliser des flashcards sur des outils comme Anki ou Quizlet. À nouveau, c’est pour les amener à développer une habitude dans le cadre de la formation afin d’ensuite se la réapproprier dans leur vie personnelle.
Tu cherches continuellement à faire évoluer cette formation, tout en gardant le même format ?
Clairement. Ce qui m’anime, c’est de créer la meilleure expérience d’apprentissage possible en asynchrone.
Quelles ont été les grandes évolutions au fil du temps ?
La première formation durait 12 heures. C’était ciblé pour les créateurs de contenu. Elle était très complète et exigeante. Elle nécessitait au moins une heure par jour pendant deux semaines pour vraiment en tirer des bénéfices.
Je me suis rendu compte qu’elle ne correspondait pas à tout le monde. J’ai fait beaucoup d’appels avec des clients. Le taux de satisfaction était très bon, mais les personnes testaient juste la méthode et ne persévéraient pas.
Tu as donc produit une nouvelle version ?
Oui, j’ai découpé la formation en fonction de différents publics. Certaines personnes, comme les entrepreneurs, peuvent suivre une version de la formation qui dure entre cinq et six heures. Pour ceux que j’appelle “les passionnés de la connaissance”, ça prend plus de temps car je détaille les différents aspects de la méthode.
J’ai profité de cette nouvelle version pour tout enregistrer à nouveau, car j’avais acheté une nouvelle caméra et je voulais aussi faire des mises à jour de tutoriels de logiciels.
Donc tu as plusieurs formations en une ?
Effectivement. J’ai trois niveaux d’exploration du “CODEC” :
Capture et Organisation pour les entrepreneurs.
Capture, Organisation, Déconstruction, Émergence pour les passionnés.
Capture, Organisation, Déconstruction, Emergence, Création pour les créateurs de contenu.
Et aujourd’hui, tu travailles sur une nouvelle version qui sortira dans le courant du mois de juin ?
Oui, j’avais envie de dépasser l’image d’“Eliott, c’est le petit gars qui fait ses petites formations sur Podia”. Je veux créer une réelle expérience immersive avec une nouvelle image de marque. Par exemple, les vidéos ne seront plus filmées dans ma chambre, mais dans un studio.
J’envisage plusieurs versions. Trois pour être exact : Atomic Student, Atomic Knowledge et Atomic Creator. Je n'ai pas encore tout à fait défini les noms, mais ça va être quelque chose comme ça. Je vais tout enregistrer en français et en anglais. Chaque vidéo sera aussi enregistrée dans une version pour les étudiants, une pour les créateurs et une pour les passionnés de la connaissance. Ça fait six prises pour chaque vidéo de formation.
Il y a une réelle adaptation aux différents publics…
Oui, mon objectif n’est plus de faire du one size fits all, mais de réellement proposer une personnalisation pour chaque public. Pour les étudiants, l’idée sera par exemple d’aborder des thématiques comme l’organisation entre la vie étudiante et la vie de cours, réviser intelligemment, planifier son étude, écrire un mémoire, etc.
Dans ce processus d’adaptation, la production des vidéos doit être ce qui te prend le plus de temps ? Quel est ton processus ?
C’est ce qui me prend le plus de temps, mais c'est entièrement optimisé. De l’écriture à l’enregistrement, une vidéo me prend environ 40 minutes. Le script nécessite 20 minutes en moyenne, surtout le temps de créer un arc narratif, car toutes mes notes sont déjà dans mon système. Ensuite, c'est 15 minutes d'enregistrement pour 10 minutes de vidéo parce que je ne me reprends quasiment pas.
Tu les enregistres en une seule prise ?
Oui, c’est ce que j’aime. Lorsque je suis une formation, je préfère que les vidéos soient brutes. Sauf si le gars est mauvais (rires). Dans ce cas-là, un prompteur et le montage peuvent aider. Mais le prompteur, c’est toujours moins naturel.
J’aime beaucoup la fluidité, proche d’une conférence en présentiel. Évidemment, c’est préparé. Et surtout, il y a une marge de tolérance dans une formation. Sur YouTube, je n’accepte jamais de faire une faute de français ou un “euh”. En formation, si je bute sur un mot, c’est OK.
Même sur le fond. Parfois, j’oublie que j’ai déjà évoqué un concept dans la vidéo d’un module précédent. Je me répète. Ce n’est pas grave. Les gens me le disent, je fais un peu de montage et je supprime.
L’itération est au cœur de ton processus de création…
C’est ma philosophie : ça va toujours plus vite de faire une version 2 que de peaufiner sa version 1. Et tu seras toujours plus précis dans cette V2 sur la base de retours réels.
Quel est l’objectif, pour toi, de cette amélioration continue de tes formations ?
J’ai envie de passer à un stade où Atomic Thinking inspire les gens, permet de transformer leur quotidien, de changer leurs habitudes et de tout retenir. Ça doit être un déclic, avec un avant et un après. J’ai aussi envie de renforcer l’aspect communautaire.
Je commençais à vouloir clore notre conversation, mais tu me relances sur cette dimension de communauté (rires). Tu as déjà pensé à la manière de concevoir et d'entretenir cette communauté ?
Je n’ai pas envie de complexifier la formation, donc je ne vais pas les lier l’une à l’autre. J’ai envie que les gens intéressés puissent se retrouver, partager et grandir ensemble. Je veux créer une communauté de potes, avec des espaces pour échanger, un espace de coworking virtuel et des événements réguliers avec des intervenants de qualité.
Comment procèdes-tu pour évaluer cette formation ? Tu parlais d’appels avec des clients… C’est quelque chose que tu mènes directement ?
Oui, des appels avec des personnes qui ont suivi la formation. Ça se base sur des questions ouvertes, et je m’intéresse à leur expérience : quel était leur quotidien avant de suivre la formation ? Comment ont-elles suivi la formation ? Comment se sont-elles organisées pour la suivre ? Qu’est-ce qu’elles ont mis en pratique ? Quels ont été leurs obstacles ? De la sélection à la création, quelles sont leurs productions et quel est leur processus ? Bref, une série de questions pour retirer un maximum d’informations et améliorer la formation.
Dernière question… Quelle est ta vision du système scolaire, toi qui as préféré le quitter ?
On en a pour 20 minutes (rires). J'y ai réfléchi beaucoup, vraiment beaucoup. J'ai un plan de livre là-dessus que je pourrais écrire. Je vais me focaliser sur le système que je propose.
Le truc idéal, ce serait : une classe d’élèves sans cours magistraux. Le programme serait conçu en collaboration avec des experts en neurosciences. Aujourd’hui, les enseignants ne savent pas comment le cerveau de leurs élèves fonctionne. Ils se disent : “Je vais répéter plusieurs fois l'information, ils vont la ré-écrire chez eux et ça va rentrer.” Donc, élaborer les programmes éducatifs avec des experts en neurosciences et des experts dans chaque thématique en s’appuyant sur les principes de consolidation mnésique, d’apprentissage actif et d’innovation pédagogique. Le développement de compétences serait lié à des jetons attribués à chaque fois que l’élève finit un cours. Le programme nécessiterait d’avoir un minimum de jetons par matière, pour développer un socle commun, et permettrait à chacun d’explorer différentes matières. Ça, c’est pour la partie individuelle.
De manière collaborative, proposer une pédagogie par projet. Chaque semaine, un projet qui mobilise une série de compétences comme créer le business plan d’une start-up.
Comment évaluer tout ça ? Majoritairement par les pairs, avec une grille critériée, tant sur les connaissances que les compétences que les soft skills. De ce point de vue là, il faudrait rajouter des cours en matière de soft skills.
Ça permet de sortir de l’école avec un portfolio de projets, différents pour chacun et révélateur de la personnalité de l’élève. C’est très résumé, mais ça irait dans cette direction.
Ça mériterait effectivement d’enregistrer une seconde conversation autour de ta vision de l’enseignement et de la pédagogie. Cette conversation était très riche ! Merci beaucoup pour ton temps !
Quatre manières de poursuivre cette conversation en suivant les activités d’Eliott :
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Lire son ouvrage “Arrêtez d'oublier ce que vous lisez !” publié chez Eyrolles
Découvrir la formation Atomic Thinking [NDLR : une nouvelle version de la formation sera mise en ligne dans deux semaines]
“C’est quand la pause ?”, c’est le podcast qui analyse le monde de la formation en omettant délibérément un de ses ingrédients essentiels. Avez-vous déjà imaginé une formation sans formateur, sans budget, sans PowerPoint ou sans thématique ?
Concepteur, animateur, facilitateur, guide, évaluateur, coach ou encore tuteur : dans cet épisode, nous abordons les rôles du formateur sous toutes les facettes pour nous poser la question de son utilité en formation.
De l’autoformation à l’impact du numérique, nous passons en revue différents thèmes tout au long de cet épisode. Des témoignages de 5 acteurs de la formation viennent également agrémenter le débat pour tenter de répondre à cette question : former sans formateur, est-ce possible ?
La section Learning Design Jobs est une curation – non exhaustive – d'offres d'emploi de responsable de formation, concepteur·rice d’expériences d’apprentissage, conseiller·e (techno-)pédagogique, etc.
L’IHECS recherche un·e conseiller·e technopédagogique [Bruxelles · CDD · Temps plein]
CESI recherche un·e Learning & Development Officer [Bruxelles · CDI · Temps plein]
L’ULB HeLSci recherche un·e techno-pédagogue [Bruxelles · CDD · Temps plein ou 4/5]
Deloitte recherche un·e Creative Learning Designer [Bruxelles · CDI · Temps plein]
L’European Climate Foundation recherche un·e Learning & Talent Development Specialist [Bruxelles · Consultant · Temps plein]
L’Université libre de Bruxelles recherche plusieurs profils :
Un·e conseiller·ère techno-pédagogique [Bruxelles / Solbosch · CDD · Temps plein]
Un·e conseiller·ère techno-pédagogique [Bruxelles / Erasme · CDD · Temps plein]
Un·e ingénieur·e conseiller.ère techno-pédagogique [Bruxelles / Solbosch · CDD · Temps plein]
Aidez-moi à enrichir cette curation en proposant des offres d’emploi intéressantes : job@learnability.news
📚 Ressources
Pourquoi les formations par cohortes sont-elles le futur de l’apprentissage ? [EN]
Wes Kao, co-fondatrice de la plateforme Maven, analyse les ingrédients pédagogiques qui font la réussite des cours par cohortes : la dimension communautaire, l’apprentissage par la pratique, le sentiment d’urgence, la responsabilisation, la rigueur et bien d’autres. Même si vous ne formez pas en ligne, toutes ces dimensions pourront vous inspirer pour améliorer vos propres pratiques.
10 manières de faire classe autrement ! [FR]
La classe, ce n’est pas uniquement cet espace physique avec une série de bancs bien alignés. Cette présentation Genially vous propose 10 manières d’envisager la classe autrement, dans ses dimensions physiques comme pédagogiques : en y intégrant un mobilier plus flexible, en privilégiant la collaboration, en utilisant le numérique pour plus de collaboration, etc. Plongez dans chacun des 10 modèles en découvrant des exemples de mise en œuvre.
L'efficacité pédagogique, ça veut dire quoi ? [FR]
L’efficacité, c’est le Graal que tout le monde recherche en formation. Toutefois, la polysémie du terme permet à chacun·e d’affirmer l’efficacité de sa plateforme / sa méthode / sa formation / sa bibliothèque de contenus (Coucou les commerciaux·ales du salon Learning Technologies Paris 👋). Cet article détaille 3 dimensions de l’efficacité pédagogique, montre l’intérêt de cette quête infinie et donne des pistes pour tenter de l’atteindre.
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