Du laboratoire de recherche à la start-up EdTech
learnability #08 · Conversation avec Zoé Broisson
Bonjour à tou·te·s
Je reviens d’un week-end d’écriture à Dijon organisé par Valentin Decker.
C’était intense, et je peine encore à prendre du recul sur cette expérience. Avec cinq autres personnes, nous avons discuté pendant des heures, écrit quelques centaines de lignes, élaboré pas mal d’idées, partagé nos pratiques et surtout exploré une série de sujets – allant de la philosophie aux métavers en passant par la santé mentale ou la productivité.
J’en reviens avec l’importance de créer une – ou plusieurs – scenius. Néologisme inventé par Brian Eno – contraction de “scene” et de “genius” –, la scenius est un moment de grâce qui se produit sur une scène lorsque les membres d'un groupe sont au diapason, se comprennent mutuellement et sont inspirés par tout. Comme l’écrit Valentin, “l'étude des principales scenius de l'histoire nous montre que les plus grandes créations ne sont pas le fruit du talent de quelques génies isolés, mais de petites scènes intellectuelles qui ont conspiré pour leur éclosion.” Un de mes projets en 2022 sera plus que probablement de créer des mini-scenius qui prendront différentes formes, à Bruxelles comme en ligne.
Dans l’édition de cette semaine, je reçois Zoé Broisson, CEO de la start-up belge Flowchase. J’ai eu l’occasion de la croiser dans plusieurs événements scientifiques. Lors de notre première discussion, j’étais étonné qu’une entrepreneure participe à autant d’activités du monde académique. Dans sa réponse, j’ai compris que la recherche était très ancrée dans les pratiques de sa start-up. J’ai évidemment eu envie d’en savoir plus. Dans cette conversation, nous discutons de l’apport des pratiques de recherche au sein d’une start-up, des défis de l’apprentissage des compétences orales dans l’enseignement des langues étrangères ou de ses approches de collaboration avec les institutions d’enseignement supérieur.
Comme vous le savez, je suis très curieux d’avoir vos retours sur cette conversation. Je vous invite à m’écrire pour me dire ce que vous avez pensé de cette édition, soit en réponse à cet e-mail soit sur Twitter.
Bonne lecture,
Nicolas.
💬 Conversation avec Zoé Broisson
Temps de lecture : 12 minutes
Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir Zoé Broisson. Linguiste de formation, elle est cofondatrice et CEO de la start-up Flowchase permettant aux professeurs d'anglais d’améliorer la prononciation de leurs apprenant·e·s. Qu’elle soit fondamentale, appliquée ou centrée sur les utilisateurs, la recherche est au cœur du développement de Flowchase. Notre conversation brosse ses nombreux apports pour l’innovation, technologique comme pédagogique.
Salut Zoé ! Merci d’avoir accepté cette conversation. Je suis ravi de t’accueillir dans cette huitième édition. Ton profil rassemble, d’une certaine manière, la diversité de mon lectorat : un mélange de milieu académique, de monde l’enseignement, d’entrepreneurs, et surtout une immense passion pour l’enseignement et l’apprentissage. Pour commencer sur de bonnes bases, tu nous fais l’elevator pitch de Flowchase ?
Chez Flowchase, on accompagne les professeurs d'anglais à rendre leurs cours plus engageants et à personnaliser la manière dont ils enseignent la prononciation et la compétence orale. On fait cela grâce à deux outils utilisés en pédagogie de classe inversée : une application dotée d’une technologie de reconnaissance vocale, et un manuel d’activités de classe. Concrètement, l’application analyse la voix des étudiants qui s’enregistrent sur des exercices conçus en interne. On détecte les erreurs et on leur donne des conseils personnalisés pour qu’ils puissent s’améliorer. Le manuel permet aux professeurs de faire le lien avec la classe et de mettre en pratique les compétences acquises.
La start-up est née dans le laboratoire ICTEAM de l’Université Catholique de Louvain en Belgique en tant que “spin-off”. L’idée d’une telle structure est de valoriser des résultats de recherche fondamentale. Comment ça s’est passé pour Flowchase ?
Oh, c’est une longue histoire (Rires). Cela débute à travers Céline Lucas, chercheuse en logopédie. En 2016, elle monte un projet combinant technologie vocale et réalité virtuelle. À l’origine, elle voulait créer un outil permettant à des personnes cérébro-lésées de réapprendre à parler le français. Durant son parcours, elle a dû changer d’objectif. Le marché visé était trop petit. On lui a recommandé de se tourner vers l’apprentissage des langues, car sa technologie vocale pouvait être utilisée dans ce domaine. Pour l’aider, elle a cherché à s’appuyer sur un étudiant de Master en linguistique.
C’est à ce moment-là que je suis arrivée. À l’époque, je souhaitais faire un doctorat pour créer des ressources pédagogiques et tester de nouveaux modèles d’enseignement des langues. Tous les chercheurs vers lesquels je m'étais tournée m'avaient dit qu’un projet de recherche appliquée ne serait jamais financé. Quand Céline a eu besoin d’une expertise en linguistique pour l’aider à concrétiser des résultats de recherche, j’ai sauté sur l’occasion.
Et ça a été le début de Flowchase…
Pas tout à fait (Rires). Sans entrer dans les détails, l’application était une sorte de bande dessinée interactive. L’utilisateur pouvait écouter le contenu des phylactères, s’enregistrer en répétant ce que les personnages disaient et recevoir du feedback.
À travers différents prototypes, l’équipe a observé que la solution ne correspondait pas aux besoins des enseignants. Il n’y avait pas d’appropriation, mais l’équipe ne parvenait pas à comprendre pourquoi. À ce moment-là, avec Robin, un étudiant de STIC qui travaillait aussi sur le projet [NDLR : Robin est aujourd’hui le cofondateur de Flowchase], on s’est dit : “Il y a un bug. On doit le résoudre.”
Il était en train de lire “Méthodes de design UX” de Carine Lallemand. Il a voulu appliquer ses principes. On a lancé un appel aux enseignants sur Facebook pour venir tester l’application en leur offrant des cuberdons. Parce que la maman de Robin est confiseuse artisanale (Rires). On s’est promenés dans toute la Belgique pour les rencontrer. Le constat était sans appel : l’application ne leur convenait pas. Par contre, à travers cette recherche centrée sur les utilisateurs, nous avions une série de pistes pour repenser le projet.
Et ça a, enfin, été le début de Flowchase… (Rires).
Presque (Rires). Le financement spin-off était presque consommé. Céline nous a dit : “Soit on clôture le projet, soit Robin et Zoé, vous le reprenez.” Tu imagines la réponse. On a sauté à pieds joints et on a tout recommencé à partir de zéro.
On a pu bénéficier de six mois de rémunération comme assistants de recherche et environ 15.000 euros de budget. On a économisé, et on a ensuite vécu un an sur nos fonds propres. Dès le moment où on a eu un prototype, on a reconstitué une équipe en commençant par un CTO [NDLR : le Chief Technical Officer est en charge de l’innovation technique et du déploiement de technologies adaptées au développement et à l’efficacité des activités d’une entreprise].
Nous avons porté le projet à deux pendant un an, ensuite à trois quelques mois. En décembre 2020, on a fait notre première levée de fonds. Ça nous a permis d’engager trois nouvelles personnes et de lancer une nouvelle version de l’application en octobre 2021.
Après ces différentes itérations, que reste-t-il des travaux de recherche initiaux ?
La technologie de reconnaissance vocale actuelle repose toujours partiellement sur celle de l’UCLouvain. Actuellement, nous sommes sur un nouveau projet de recherche, en collaboration avec l’UMons, pour peu à peu la remplacer et élargir son champ d’application. La reconnaissance vocale et l’intelligence artificielle sont des domaines qui évoluent rapidement. Pour rester au top des performances, nous devons continuer à innover en faisant de la recherche.
Par ailleurs, lorsque j’ai repris le projet, j’ai effectué un état de l’art des travaux en acquisition de langues étrangères, surtout au niveau de l'enseignement de la prononciation. J’ai aussi lu beaucoup d’articles en sciences de l’éducation, sur l’intégration du numérique dans la formation, pour qu’on développe une approche pédagogique efficace.
Est-ce que tu peux m’expliquer une transposition concrète de résultats de recherche fondamentale au sein de l’application ?
Je te prends l’enseignement de la prononciation comme illustration. J’ai fait un panorama de l’ensemble des travaux de recherche dans le domaine. J’ai trouvé une filière de recherche qui portait sur le Principe d’Intelligibilité. Il s’agit de l’étude de trois dimensions de la prononciation et de l’oral : la compréhensibilité, l’intelligibilité et l’accent étranger d’un locuteur. J’ai lu et synthétisé les principaux résultats de ces travaux.
Dans Flowchase, les thématiques de prononciation sur lesquelles nous proposons de travailler sont sélectionnées sur la base de ces recherches-là. Elles sont aussi hiérarchisées dans un ordre qui a été déterminé par cette revue de la littérature.
Flowchase possède un ADN ancré dans la recherche académique, fondamentale et ensuite appliquée. De manière complémentaire, vous avez développé une approche de recherche centrée sur les utilisateurs. Quel a été son rôle au-delà d’être la bougie d’allumage du projet ?
Aujourd’hui, nous voulons comprendre comment les enseignants et les apprenants utilisent Flowchase pour l’améliorer. C’est important pour un outil comme le nôtre. Ce n’est pas comme une application pour commander une pizza. Même si celle-ci est mal conçue, les gens vont l’utiliser. En pédagogie, c’est différent. On cherche constamment à comprendre ce qui motive et engage les apprenants dans les exercices et activités.
Chaque mois, nous organisons des sessions de live testing. On réunit des utilisateurs et on les observe, avec toute l’équipe, en train d’utiliser l’application. Soit de manière intuitive, soit à partir de certaines consignes. On filme leurs réactions vis-à-vis de l’interface, on prend des notes durant la session, on débriefe avec eux après celle-ci. Suite à ces séances, on hiérarchise les problèmes identifiés, on discute de la manière de les résoudre et on structure les développements futurs.
Le fait d’avoir un ancrage si important dans la recherche n’a jamais été un inconvénient dans le monde entrepreneurial ?
C’est à la fois une force et une faiblesse. Beaucoup de spin-off n'aboutissent pas à cause des difficultés à passer du rôle de chercheur à celui d’entrepreneur. Il y a des génies qui développent une technologie révolutionnaire, mais sont incapables de la vendre ou de diriger une équipe pour la produire à grande échelle. Peu de personnes possèdent ce double profil, et trouver un associé complémentaire est tout aussi difficile. Donc il existe une réelle peur du côté des investisseurs. À côté, c’est aussi une réelle force. Tu as toute une crédibilité qui est amenée par les bases scientifiques, les travaux qui ont alimenté ton projet.
À ce moment de notre conversation, toutes les lectrices et tous les lecteurs doivent se dire que tu as simplement mieux exécuté un projet de recherche qui t’est tombé dans les bras. Mais la problématique à laquelle répond Flowchase, c’est toi qui l’as amenée à partir de ta propre expérience ?
J’ai effectivement eu l’occasion de vivre et d’observer cette problématique lorsque j’étudiais en Australie. J’ai travaillé pendant trois ans dans un programme pour les étudiants internationaux au sein mon université. Il s’agissait de tables de conversation en anglais. J’ai vu des doctorants, des post-doctorants ou même des chercheurs dotés d’excellentes compétences à l’écrit qui, à l’oral, se sentaient réellement bloqués professionnellement par leur niveau d'anglais et leur prononciation.
Au fur et à mesure, j’ai commencé à me demander comment des personnes avec cinq ou six années d’anglais derrière elles pouvaient avoir autant de difficultés. En discutant avec des enseignants, j’ai compris que la manière dont on enseigne les langues étrangères aujourd'hui, purement logistiquement, les empêche de réellement travailler cette compétence orale. La prononciation nécessite un feedback individuel, adapté aux types de fautes, à la langue maternelle du locuteur, etc. Dans une classe, de 25 à 100 personnes, c’est impossible.
C’est la problématique initiale : la manière dont on enseigne la compétence orale n’est pas efficace. La seule solution a priori, difficilement viable sur le plan économique, est de créer des plus petits groupes, voire proposer de l’enseignement individualisé, en engageant plus d’enseignants. C’était difficile. C’est là que j’ai identifié une opportunité pour innover.
C’est une problématique qui est effectivement vécue dans nos institutions d’enseignement supérieur. Quelles en sont ses conséquences ?
À Bruxelles, ce sont 35% des offres d’emploi qui ne trouvent pas de candidats à cause des compétences linguistiques, notamment en anglais. Aujourd’hui, en Belgique, environ une offre d’emploi sur deux nécessite des compétences actives en anglais, à l’oral et à l’écrit [NDLR : cela varie entre 30 et 60% selon le niveau d’études ; des enquêtes ont été menées à Bruxelles, en Wallonie ou vis-à-vis des offres d’emplois reçues à l’Université Catholique de Louvain). En France, c’est huit offres d’emploi sur dix, et un Français sur quatre qui a déjà dû renoncer à un emploi à cause d’un niveau insuffisant d’anglais.
La problématique est importante et le nombre d’utilisateurs potentiels énorme. Pourquoi ne pas avoir développé une application qui s’adresse directement aux apprenants ?
Il existe effectivement quelques applications qui forment à la prononciation. Ce sont principalement des applications dites B2C, c’est-à-dire tournées vers les consommateurs particuliers. Dans ces applications, le taux de rétention moyen est de deux à trois semaines. C'est très court, car il faut une motivation externe de l’apprenant pour continuer à se former. Si tu es un féru de pédagogie et que tu as envie d’avoir un impact positif sur les apprentissages, tu comprends que ce n’est pas la bonne approche.
Rentrons alors dans le vif du sujet… Comment Flowchase améliore l’expérience d’apprentissage du côté des apprenants, surtout lorsqu’ils sont face à l’application ?
Dans chaque module, on leur propose d’abord des activités qu’on appelle des tutoriels, où ils se familiarisent avec la matière. C’est plus théorique. On vulgarise avec du contenu multimédia. Par exemple : qu’est-ce qu’une syllabe ? Quelles syllabes sont accentuées ? Ensuite, les étudiants passent à des exercices d’écoute pour entraîner leur oreille, et d’expression orale sur lesquels l’application leur donne du feedback.
Tout ça, les étudiants le font chez eux. C’est là que nous faisons la différence pour l’enseignement de la compétence orale. Ils sont dans leur zone de confort. Personne ne les écoute. Ils peuvent avancer à leur rythme. Personne ne va les juger. Ils se sentent en confiance, et les enseignants observent l’impact lors des séances de cours.
Les exercices proposés aux étudiants sont sélectionnés par leurs enseignants ?
C’est vrai qu’on parle souvent de l’application en premier lieu, ou même dans les médias. Parce que c’est sexy. Mais ce qui est le plus important, c’est que ce sont les enseignants qui prescrivent les contenus et proposent à leurs étudiants de faire les préparations dans l’application avant leurs cours.
Pour cela, on donne un manuel aux enseignants avec des fiches d’activités. Chacune comporte des objectifs pédagogiques, la durée de la séquence, le temps de préparation et même des supports à projeter ou à imprimer pour les étudiants. On fournit tout cela, étape par étape, pour qu’ils puissent se réapproprier ce contenu et en faire leur propre cours.
Est-ce que votre approche pédagogique, basée sur la classe inversée, n’est pas, elle-même, une barrière à l’entrée pour les enseignants ?
Ça peut être une barrière, mais on les accompagne. On pense que l’approche pédagogique va de pair avec l’outil numérique. D’une certaine manière, on voit Flowchase comme un manuel scolaire de 2021. Lorsqu’un enseignant adopte un nouveau manuel dans son cours, il doit le mettre à jour, adapter les contenus à sa classe, etc. Aujourd’hui, il y a un réel engouement des enseignants, car ils sont conscients du problème. Ils sont frustrés de ne pas pouvoir mieux enseigner la compétence orale aux étudiants, et il y a aussi une volonté de la part des étudiants d'améliorer leur prononciation.
Comment accompagnez-vous l’intégration de Flowchase dans les pratiques pédagogiques ?
Avant toute collaboration, on débute par une démonstration. Après celles-ci, les enseignants décident ou non d’utiliser Flowchase. Lorsqu’ils entrent dans le processus, on organise une formation à l’outil. Elle permet une première prise en main. On passe à travers les différents types d’activités et on présente notre espace de ressources pour une intégration efficace.
À partir de ce moment-là, ce sont eux qui déterminent le type de suivi qu’ils souhaitent. En général, on définit deux à trois dates sur le quadrimestre pour faire un suivi par e-mail avec eux. On organise également un premier débriefing après six mois d’utilisation pour discuter de l’engagement de leurs étudiants, analyser les pratiques pédagogiques, etc. On leur propose aussi d’utiliser un sondage auprès de leurs étudiants pour évaluer l’impact à la fin de leurs cours.
Vous vous focalisez, par conviction, sur l’enseignement supérieur. Ce n’est pas un marché trop difficile ?
La principale difficulté pour nous se situe au niveau des structures institutionnelles. On a souvent cinq à six interlocuteurs différents dans une même institution. Les principaux intéressés, comme les enseignants de langues, les coordinateurs pédagogiques ou les directions de département de langues, ne sont pas au courant de leurs budgets. Parfois, ils ne comprennent pas que l’application soit payante.
La gratuité est un sujet récurrent dans le milieu de l’enseignement...
Si je pouvais proposer Flowchase gratuitement, je le ferais.
Je me suis posé la question : est-ce qu’on ne ferait pas un outil gratuit pendant cinq ans pour avoir un maximum d’utilisateurs ? Mais après, tu es nécessairement la bad girl : soit je revends les données de mes utilisateurs, comme l’a fait WhatsApp à Facebook, soit j’annonce à un moment que l’application devient payante pour continuer à l’utiliser.
Payer, c’est ce qui permet de financer le développement de l’outil et de continuer à innover. C’est quelque chose qui n’est malheureusement pas encore dans les mœurs pour les outils numériques en éducation.
Surtout que certaines entreprises numériques proposent des outils gratuits. Les enseignants ne comprennent pas nécessairement pourquoi un outil est gratuit et l’autre payant.
C’est une dimension sur laquelle les institutions doivent se positionner. D’une certaine manière, l’intégration du numérique dans l’enseignement est déjà en marche. Les enseignants utilisent des outils qu’ils choisissent. Les institutions doivent jouer le rôle de garde-fou pour s’assurer que les outils utilisés par les enseignants soient pertinents, apportent une plus-value, etc.
Il y a aussi un enjeu de souveraineté numérique : d’où viennent ces outils ? Si des plateformes ou des outils sont disponibles gratuitement, c’est à quel prix ? C’est au prix des données d’apprentissage : comment les apprenants utilisent les outils ? Quels sont les contenus les plus engageants ? Quel est leur rythme d’apprentissage ? Toutes ces informations sont détenues par ces entreprises, souvent étrangères. Ces données sont ensuite revendues à des parties tierces.
Pour éviter cela, certaines institutions souhaitent réaliser les projets en interne. Toutefois, pour avoir un outil doté de technologies de pointe combinées à une bonne expérience utilisateur, c’est très difficile. Les institutions doivent peser le pour et le contre en termes de ratio d’efforts et de résultats. Les outils externes peuvent réellement être plus efficients.
Ce n’est pas parce que l’outil vient d’une entreprise externe ni qu’il est payant que c’est négatif. Pour moi, il y a de belles relations à créer, notamment des partenariats entre le public et le privé. Investir dans des entreprises belges, voire européennes, c’est aussi investir dans une innovation pédagogique qui est plus proche sur le plan culturel et sur celui des valeurs éthiques.
C’est une belle conclusion à notre discussion. Tu as déjà réussi à réunir monde de la recherche et de l’entrepreneuriat. Il te reste à conquérir celui de l’enseignement avec de belles valeurs. Je te dis un grand merci Zoé pour cette conversation passionnante. À bientôt 👋
Quatre ressources recommandées par Zoé pour compléter notre discussion :
Le dernier article de blog de Flowchase qui comporte des fiches de leçon gratuites pour enseigner l'intonation anglaise avec des extraits de films.
Le manifesto de Marie-Christine Levet, présidente du fonds d'investissement français EduCapital, sur la souveraineté éducative et l'importance de financer les solutions françaises et européennes.
Le livre “Rocket Surgery Made Easy: The Do-It-Yourself Guide to Finding and Fixing Usability Problems” de Steve Krug. C’est une référence pour réaliser des tests utilisateurs avec une équipe, et par exemple évaluer l'usage/utilisabilité de médias éducatifs.
Le livre “Méthodes de design UX” de Carine Lallemand. L’ouvrage décrit 30 méthodes pour créer des expériences optimales, entièrement transposables dans un contexte d’ingénierie pédagogique.
Je vous invite aussi à la suivre sur LinkedIn et à regarder son interview à propos de Flowchase sur LN24.
📚 Ressources
👩💻 The best inventions of 2021
Le TIME a publié son classement 2021 des 100 meilleures innovations qui changent nos vies. Vous y trouverez de nombreuses inspirations issues de différents domaines comme l’intelligence artificielle, le design, l’alimentation ou le transport. Dans le monde de l’éducation, je retiens “The Learning Passport” ; une plateforme en ligne, mobile et hors ligne développée par l'UNICEF et Microsoft. Elle héberge des supports d’apprentissage, fournit de l’aide aux enseignant·e·s comme aux élèves et suit leurs progrès – même hors ligne. La conception s'appuie sur des approches pédagogiques développées à l’Université de Cambridge pour couvrir les mathématiques, les sciences et l'alphabétisation. En outre, elle comporte un programme spécialement conçu pour répondre aux besoins d'apprentissage social et émotionnel des enfants.
📄 Online Education Trends Report
Melissa Venable · 64 pages
Ce rapport présente une enquête menée aux Etats-Unis auprès de 366 administrateurs·rices et 1.800 étudiant·e·s de l’enseignement post-secondaire à la fin de l’année 2020. La spécificité de cette recherche est qu’elle s’est intéressée à quatre profils d’étudiant·e·s :
celles et ceux qui ont choisi de participer à des cours en ligne plutôt que sur campus ;
celles et ceux qui ont opté pour des cours sur campus, mais ont vécu un enseignement à distance d’urgence ;
des ancien·ne·s étudiant·e·s ;
des futur·e·s étudiant·e·s.
Le rapport présente notamment les résultats relatifs à leur expérience d’apprentissage ainsi qu’à leur satisfaction dans les différentes modalités d’enseignement.
📄 Reflective Design in Action: A Collaborative Autoethnography of Faculty Learning Design
Shawn Bowers & al. · 22 minutes de lecture
Dans cet article, les auteur·e·s montrent les apports d’approches réflexives, collaboratives et itératives dans la conception de nouveaux dispositifs de formation à l’université. Grâce à celles-ci, les enseignant·e·s identifient des opportunités d’innovation pour améliorer les expériences d’apprentissage qu’ils/elles proposent aux étudiant·e·s et anticipent mieux leurs effets.
📄 Curious Beginner's Guide to Crypto
Peter Yang · 12 minutes de lecture
Parmi les sujets sur lesquels je passe beaucoup de temps en ce moment, il y a le Web3, la blockchain et l’univers des cryptomonnaies. Si vous n’avez pas compris cette phrase, mais souhaitez appréhender l’une des principales évolutions en cours, je vous recommande cette lecture. L’article définit les concepts fondamentaux de ce nouveau monde : web 3, blockchain (portefeuilles, consensus), tokens, bitcoin, ethereum, NFT et DAO.
👨💻 L’outil de la semaine
Miro est un tableau blanc en ligne pour animer des brainstormings, gérer des projets ou co-construire des idées. Que ce soit seul·e ou avec des apprenant·e·s, chaque tableau permet de travailler visuellement sur un projet commun avec des post-it, du texte, des éléments graphiques et multimédias, des dessins, des fichiers ou des applications tierces. La version gratuite offre trois tableaux modifiables. Pour vous aider, Miro possède une bibliothèque de canevas préconçus pour différents usages.
Bon à savoir : Miro propose un plan éducation gratuit pour les enseignant·e·s et les étudiant·e·s.